Malgré une croissance économique inférieure à la moyenne, la Suisse s'affirme dans un contexte de marché difficile, marqué par l'inflation, les incertitudes géopolitiques et la hausse des taux d'intérêt, qui freine la demande étrangère de biens et de services.
Economiesuisse pronostique pour l'année en cours une croissance du produit intérieur brut (PIB) de 1,0% et s'attend à ce que le développement économique modéré se poursuive en 2024 (+1,1%). Dans un communiqué diffusé mardi, l'organisation patronale estime que le taux de chômage n'augmentera pas 'de manière significative' et que l'inflation devrait se maintenir autour de 2%.
Les entreprises suisses axées vers l'exportation se trouvent dans une situation compliquée. Alors que plusieurs de leurs débouchés sont confrontés à une récession, elles ne parviennent que difficilement à répercuter sur leurs prix l'appréciation du franc et la hausse des coûts.
Pour faire bonne mesure, de grands pays exportateurs comme la Chine et l'Allemagne ont vu leurs envois se contracter au cours des derniers mois, ce qui se traduit par une concurrence accrue, le tout dans un contexte d'érosion généralisée de la demande. Les Etats-Unis font figure d'exception, avec une croissance supérieure aux attentes, malgré les récents relèvements des taux d'intérêt.
La résistance étonnante des exportations helvétiques s'explique notamment par la part importante que représentent pour la Suisse l'industrie pharmaceutique et des dispositifs médicaux, moins sensibles aux aléas conjoncturels, signalent les experts d'Economiesuisse.
Perspectives contrastées
Le pays devrait connaître en 2024 une évolution similaire à celle de 2023, avec cependant de fortes disparités selon les branches. Alors que les perspectives sont prometteuses pour la pharma, les dispositifs médicaux, l'horlogerie et l'industrie alimentaire, le tableau est nettement plus mitigé dans le textile et la construction. L'année s'annonce difficile pour l'industrie des machines, des équipements électriques et des métaux (MEM), ainsi que la chimie.
Pour ce qui est des services, la plupart des secteurs - banques, assurances, conseil, hôtellerie-restauration, tourisme, transport, santé, informatique, vente au détail - anticipent l'an prochain une croissance plus ou moins importante. Au contraire, l'imprimerie, l'édition et les télécommunications risquent de continuer à se contracter en raison de facteurs structurels.
Les perspectives d'emploi restent bonnes, malgré la diminution du nombre de postes vacants attendue en 2024 et l'augmentation du nombre d'entreprises réduisant leurs effectifs. Economiesuisse anticipe un taux de chômage de 2,3%.
En matière d'inflation, la fédération voit se profiler une nouvelle poussée du renchérissement sous l'effet de différents facteurs, citant l'augmentation des salaires nominaux, des prix de l'électricité, ainsi que la hausse de la TVA et des loyers. On pourrait donc voir la Banque nationale suisse (BNS) relever une nouvelle fois son taux directeur prochainement, mais de 0,25 point tout au plus.
/ATS