L'effondrement des populations de cétacés était prévisible des décennies à l'avance à un signe: la réduction de leur taille. C'est ce qu'indique une étude zurichoise qui suggère d'utiliser ce marqueur d'alerte précoce pour d'autres espèces.
La forte demande en huile et chair de baleine au cours du 20e siècle a eu pour conséquence une surpêche qui a conduit à un effondrement des effectifs. Or ce désastre était prévisible au moins 40 ans à l'avance, selon ces travaux menés par l'équipe de Christopher Clements, de l'Université de Zurich (UZH), et publiés dans la revue Nature Ecology & Evolution.
De précédentes études avaient déjà mis en évidence deux signaux avertisseurs précoces en la matière: une forte modification de la taille corporelle et des variations du nombre d'individus. Mais cela résultait de simulations ou d'expériences en laboratoire, et n'avait jamais été observé sur une population d'animaux en liberté.
Avec des confrères de l'Université de Tasmanie, les scientifiques zurichois ont analysé les données historiques de différentes espèces - baleine bleue, rorqual commun, rorqual boréal et cachalot - sur les prises effectuées depuis 1900.
'Nous avons constaté une baisse significative de la taille corporelle', indique Christopher Clements, cité jeudi dans un communiqué de l'UZH. Ainsi, les cachalots capturés dans les années 1980 mesuraient en moyenne quatre mètres de moins que ceux de 1905.
Ces travaux pourraient profiter à d'autres espèces en danger, écrivent les auteurs. Avec les changements planétaires actuels, prévoir aussi tôt que possible les menaces pesant sur certains animaux afin de pouvoir prendre des mesures est un défi-clé, selon eux.
/ATS