Les exploitants des centrales nucléaires devraient payer davantage pour la désaffectation des sites, exige la Fondation suisse de l'énergie. Elle remet lundi en cause les bases des calculs de la Commission administrative des fonds institués à cet effet.
La commission a revu à la baisse les contributions aux fonds de désaffectation des centrales et de gestion des déchets radioactifs pour la période 2017 à 2021. Le site de Beznau est même exclu. La commission justifie sa position entre autres par le report de la mise en service d'un site de stockage et les rendements des fonds sur le marché.
Les calculs se fondent sur les données réunies par les exploitants eux-mêmes. Les chiffres vont être passés à la loupe avant que le Département fédéral de l'énergie ne fixe, probablement l'année prochaine, les contributions définitives.
Nettement sous-estimés
'Les coûts ont été nettement sous-estimés à nos yeux', a critiqué devant la presse le conseiller national et président de la Fondation suisse de l'énergie Beat Jans (PS/BS). Il craint que les contribuables ne passent au final à la caisse.
Stefan Alt, de l'Institut d'écologie appliquée de Darmstadt, en Allemagne, s'en prend particulièrement aux chiffres concernant les dépôts de déchets en couches géologiques profondes. Plusieurs risques sont décrits comme improbables alors qu'ils ne le sont pas, comme celui de travaux d'assainissement. Les risques politiques et juridiques n'ont pas été pris en compte.
Pas plus que ceux concernant la solvabilité des exploitants, le marché des capitaux ou les échéances, a ajouté l'économiste Kaspar Müller, évoquant le calcul des contributions. Selon lui, les exploitants ont utilisé toutes les possibilités pour reporter leurs pertes sur des tiers.
Série d'exigences
La Fondation pose donc une série d'exigences à l'adresse du Conseil fédéral. Les contributions ne doivent pas baisser par rapport à la précédente période. Les pires scénarios doivent aussi être pris en compte dans les calculs. Les hypothèses concernant le renchérissement et le résultat financier du fonds doivent être revus.
Pour la désaffectation, le supplément de sécurité devrait passer de 30 à 100% des contributions au fonds. Enfin la Commission administrative des fonds ne devrait être composée que des membres indépendants des exploitants des centrales.
Selon les chiffres publiés en décembre, les coûts de désaffectation des cinq centrales nucléaires et du dépôt intermédiaire pour déchets radioactifs de Würenlingen (AG) se monteraient à 3,6 milliards de francs. Fin 2015, 2 milliards étaient réunis. Pour la gestion des déchets, 4,2 milliards ont été réunis alors que la facture devrait s'élever à 10,5 milliards.
/ATS