A la veille de la Journée des droits des femmes du 8 mars, une étude montre que la Suisse est largement distancée en matière de représentation féminine dans les sphères dirigeantes des entreprises. Et pourtant, celles gérées par des femmes sont plus performantes.
Dans les 59 pays où plus de dix entreprises ont été examinées, seuls deux dépassent le cap des 25% de femmes dans les conseils d'administration: la Norvège (40%) et la Lettonie (25%). C'est ce que montre une étude co-mandatée par la société d'audit et de conseil EY, publiée dimanche. EY parraine la Journée des femmes et s'engage en faveur de leur promotion au sein des entreprises.
Derrière les deux meilleurs élèves suivent l'Italie (24%), la Finlande (23%), la Bulgarie, la Slovénie, la Suède (tous 22%) et le Kenya (21%). S'agissant des postes à la direction, le classement est emmené par la Bulgarie (37%), la Lettonie (36%), les Philippines, la Slovénie (les deux à 33%), la Roumanie (32%) et la Malaisie (29%).
La Suisse est un cancre
La Suisse, où 207 entreprises ont été analysées, fait carrément figure de cancre. Elle se classe 42e sur les 59 pays pour la proportion dans les conseils d'administration (9,1%), et même 56e pour la représentation au sein de la direction (8,3%). Sur les 207 entreprises, seules six ont une présidente du conseil d'administration et sept une directrice générale.
Dans la majorité des pays, la représentation féminine dans les instances dirigeantes reste encore nettement en dessous de la barre des 20%. Les poids lourds de l'économie mondiale - Etats-Unis, Chine, Japon, Allemagne et Grande-Bretagne - figurent clairement dans la seconde partie du classement. Le Japon est même dernier dans les deux catégories.
Meilleures performances
Et pourtant, les entreprises qui comptent le plus de femmes au sommet de leur hiérarchie sont plus performantes que les autres, démontre l'étude. L'examen de près de 22'000 entreprises cotées en Bourse révèle que celles qui intègrent plus de 30% de femmes à la direction enregistrent un gain de 6% en termes de bénéfice net.
'Les entreprises qui recensent davantage de femmes aux postes dirigeants ont des avantages sur le marché', affirme Bruno Chiomento, le directeur d'EY Suisse, cité dans un communiqué. 'Leurs collaborateurs sont plus engagés, leur culture d'entreprise devient plus ouverte et la capacité productive augmente'.
Congés parentaux
Selon M. Chiomento, les chefs d'entreprise doivent dès lors se demander s'ils soutiennent suffisamment les femmes pour leur permettre de trouver leur voie vers les positions dirigeantes. Différents facteurs influencent ce processus: outre les politiques nationales de formation, le temps accordé aux parents pour s'occuper de leur famille figure en bonne place.
Dans les dix pays qui affichent la meilleure représentation féminine en haut de l'échelle, le nombre de jours mis à disposition des parents - et donc pas uniquement le congé maternité - est onze fois plus élevé que dans les dix pays qui ferment le classement.
'Lorsque la prise en charge des enfants n'incombe pas seulement aux femmes, les chances augmentent que les femmes puissent développer leurs capacités entrepreneuriales et les contacts professionnels, qui sont nécessaires pour accéder aux organes dirigeants', souligne Barbara Aeschlimann, cheffe du personnel d'EY Suisse.
Initiative individuelle
Et d'ajouter que les entreprises pourraient agir par elles-mêmes et ne devraient pas attendre des interventions étatiques. Certaines mesures sont simples, estime la société d'audit et de conseil, comme une flexibilisation du travail, des programmes spécifiques de monitorage ainsi qu'un recrutement ciblé et judicieux. Ces mesures déploient des effets à moyen et long terme.
'Eu égard à la complexification de la prise de décisions, une entreprise moderne ne peut pas se permettre de renoncer durablement au potentiel des talents féminins', juge M. Chiomento.
/ATS