Le canton et la Ville de Genève ne désespèrent pas de faire fermer la centrale nucléaire du Bugey (F), dans l'Ain. Ils saisissent la justice pénale, après avoir échoué à obtenir gain de cause devant la juridiction administrative française.
'Nous voulons absolument la fermeture de la centrale du Bugey, dont la dangerosité est avérée', a relevé lundi devant la presse la maire de la Ville de Genève Esther Alder. L'installation, construite dans les années septante, se trouve à 70 kilomètres à vol d'oiseau de Genève. En cas de grave accident, il faudrait évacuer la population.
La Ville et le canton de Genève ont déposé une plainte contre X auprès du procureur du pôle santé et environnement de Paris pour mise en danger délibérée de la vie d'autrui et pollution des eaux. Quatre personnes habitant dans le voisinage de la centrale du Bugey sont associées à la démarche.
Pour mener leur combat, les deux collectivités genevoises se sont attaché les services de l'ancienne ministre française de l'environnement Corinne Lepage. L'avocate avait déjà défendu les intérêts de la municipalité dans sa lutte contre Superphénix, le surgénérateur de Creys-Malville (Isère), mis à l'arrêt en 1998.
En zone à risques
Pour Mme Lepage, la centrale du Bugey est soumise à de nombreux risques, aussi bien externes qu'internes. L'installation a le handicap de se trouver en zone sismique et inondable. Elle est aussi victime de dysfonctionnements croissants, mis en lumière par l'Autorité de sûreté nucléaire, avec notamment des fuites de tritium.
Le radier, le soubassement de la centrale qui doit assurer l'étanchéité et protéger la nappe phréatique en cas d'accident, n'offre plus toutes les garanties nécessaires. Et sa réparation coûterait trop cher pour EDF, l'exploitant l'installation, en proie actuellement à des difficultés financières.
Le conseiller administratif de la Ville de Genève Rémy Pagani n'a pas hésité à comparer la centrale du Bugey à une 'machine infernale'. L'élu a également déploré la position de Ségolène Royal, l'actuelle ministre française de l'environnement, qui veut 'continuer à faire rouler une vieille 2CV'.
Grand danger
'La technologie nucléaire vieillissante qui nous entoure fait courir un risque majeur pour la population', a souligné pour sa part le conseiller d'Etat genevois Antonio Hodgers, responsable du département de l'aménagement, du logement et de l'énergie du canton de Genève.
Selon l'élu écologiste, le canton de Genève montre l'exemple dans sa lutte contre l'énergie tirée de l'atome. Il n'importe plus d'énergie d'origine nucléaire et n'utilisera que de l'énergie renouvelable à partir de 2017. Le canton mène aussi son combat en Suisse contre le nucléaire, comme le lui demande sa Constitution.
La plainte contre X pour mise en danger délibérée de la vie d'autrui et pollution des eaux devrait également permettre de soulever la question de l'Iceda, un lieu de conditionnement et d'entreposage de déchets radioactifs qui doit être construit sur le site du Bugey, selon les voeux d'EDF.
La centrale du Bugey compte un réacteur en cours de démantèlement, trois autres en fonctionnement et un à l'arrêt depuis le 27 août. Les autorités genevoises ont été conviées à une séance d'information au Bugey le 4 avril prochain. 'Nous allons voir si nous allons répondre à cette invitation', a indiqué M.Pagani.
/ATS