Pour rester concurrentielle, l'entreprise d'armement de la Confédération (RUAG) devrait avoir davantage de liberté entrepreneuriale. C'est ce que demande son patron, Urs Breitmeier, dans une interview à la Zentralschweiz am Sonntag et à l'Ostschweiz am Sonntag.
La Confédération corsète toujours davantage RUAG, estime Urs Breitmeier. Les restrictions à l'exportation touchent le plus l'entreprise: 'Notre rayon d'action s'amenuise à chaque nouvelle restriction d'exportation due au nombre grandissant de conflits'.
M. Breitmeier cite deux exemples: plus rien ne peut être exporté en Turquie et les munitions de RUAG produites en Hongrie sont soumises aux règles d'exportation de la Suisse.
L'innovation en souffre également: 'Vu que nous ne savons pas si nous recevrons les autorisations d'exportation, nous n'investissons pas non plus dans des développements techniques qui pourraient être vendus à l'étranger', explique Urs Breitmeier. La Suisse n'achetant que des armements standard, RUAG ne développe pas non plus d'innovations pour le marché intérieur.
Salaires justifiés
Pour remplir son mandat et rester concurrentielle, l'entreprise d'armement a besoin d'accès aux marchés d'exportation et aux technologies civiles, a ajouté le chef de RUAG. Une variante pour sortir du dilemme serait de privatiser partiellement l'entreprise. Une telle proposition est actuellement à l'étude au Conseil fédéral.
La compétitivité se joue aussi dans la politique des salaires. Ils doivent correspondre au marché pour pouvoir attirer des managers de groupes industriels internationaux comme ABB, Siemens ou Kaba, souligne M. Breitmeier.
'C'est moins mon salaire qui me préoccupe', dit-il. Mais si on le réduit de moitié, ceux des employés des hiérarchies inférieures doivent aussi baisser. Ce qui pourrait avoir l'effet boomerang de briser ce délicat équilibre.
/ATS