Les banquiers suisses ont retrouvé un peu de sérénité en 2015

Après plusieurs années bien difficiles, les banques suisses ont retrouvé un peu de sérénité ...
Les banquiers suisses ont retrouvé un peu de sérénité en 2015

Les banquiers suisses ont retrouvé un peu de sérénité en 2015

Photo: Keystone

Après plusieurs années bien difficiles, les banques suisses ont retrouvé un peu de sérénité en 2015. Le conflit fiscal avec les Etats-Unis est entré dans sa phase de règlement avec sa pluie d'amendes pour les établissements de catégorie 2.

Si l'actualité économique et financière de 2015 devait laisser des traces dans l'histoire, la décision le 15 janvier, il y a pratiquement un an jour pour jour, de la Banque nationale suisse (BNS) de renoncer au taux plancher liant le franc et l'euro depuis le 6 septembre 2011 en demeurera le fait saillant. Ce jeudi-là vers 10h30, l'institut d'émission crée la stupeur et affole les marchés.

Dans les minutes qui suivent ce coup de tonnerre monétaire, l'euro s'effondre, passant de 1,20 franc, le taux plancher auquel le maintenait la BNS depuis trois ans, à 0,8517 franc l'espace d'un instant. L'abolition sème aussi la pagaille à la Bourse suisse.

Bilan en danger

La banque centrale explique sa décision par les très fortes disparités entre les politiques monétaires menées dans les principales économies, avec en particulier l'euro qui s'est nettement déprécié face au dollar américain. En parallèle, elle abaisse d'un demi-point le taux d'intérêt appliqué aux avoirs en comptes de virement dépassant un certain montant exonéré, à -0,75% .

Quelques jours avant l'annonce de cette mesure, la BNS s'était encore déclarée déterminée à défendre le taux de 1,20 franc pour un euro. Mais les évolutions ont visiblement eu raison de cette détermination, alors que ses réserves en devises ont bondi à près de 500 milliards de francs. En 2010, ce montant atteignait environ 50 milliards.

Conflits fiscaux

Du côté des banques commerciales, le long feuilleton des conflits fiscaux s'est poursuivi. Chapitre le plus long, celui concernant les Etats-Unis est entré dans sa phase exécutoire, à tout le moins pour les banques classées dans la catégorie 2 dans le cadre de l'accord signé entre Berne et Washington en août 2013.

A ce jour, 76 établissements qui avaient des raisons de croire avoir enfreint la législation des Etats-Unis ont conclu un accord avec le Département américain de la justice (DoJ). Les amendes dont ont jusqu'ici écopé ces banques pour éviter des poursuites pénales dépassent pour l’heure 1,2 milliard de dollars.

Les dernières annonces sont tombées jeudi. Il s’agit de Lombard Odier et de DZ Privatbank (Suisse). La banque genevoise s’est vu infliger une amende de 99,8 millions de dollars et la succursale de l’établissement allemand une somme de 7,42 millions.

Le même jour, la filiale suisse du Crédit agricole annonçait s'être acquitté de son amende de 99,2 millions.

Longue attente dans la catégorie 1

L'attente est en revanche plus longue pour les banques de la catégorie 1, hors accord avec Washington. Julius Baer est toutefois en bonne voie de boucler le dossier. La banque privée zurichoise a annoncé mercredi avoir conclu un accord de principe. Celui-ci doit désormais être soumis à l'approbation du DoJ. L'aval est attendu au premier trimestre.

L'établissement ne connaît pas encore le montant de son amende, mais doit étoffer ses provisions de 197,25 millions de dollars. La somme vient s'ajouter à la provision de 350 millions déjà constituée en juin. Avant mercredi, seul Credit Suisse avait réglé son cas, en acceptant en mai 2014 de plaider coupable d'aide à la soustraction fiscale et de payer une amende record de 2,8 milliards de dollars.

Au rang des établissements qui ont renoncé à l'autodénonciation figurent entre autres les banques cantonales de Zurich (BCZ) et Bâle (BKB), Julius Baer ainsi que la genevoise Pictet. Ces instituts encourent le risque d'être reconnus coupables d'incitation à la fraude fiscale.

Nouveau patron, nouvelle stratégie

Au niveau opérationnel, 2015 restera marqué du sceau du changement pour Credit Suisse. En mars, l'établissement de la Paradeplatz annonce le départ pour fin juin de son directeur général, l'Américain Brady Dougan après huit ans passés à sa tête. Pour lui succéder, la banque nomme le Franco-Ivoirien Tidjane Thiam, alors patron de l'assureur britannique Prudential.

Quatre mois plus tard, M. Thiam dévoile sa stratégie: pour doper la gestion de fortune en Asie et renforcer la banque universelle en Suisse, l'établissement doit s'alléger. Visant 3,5 milliards de francs d'économies d'ici fin 2018, il va biffer ou délocaliser 10% de l'effectif global, dont 1600 postes en Suisse.

Pour financer ces grandes manoeuvres et aussi renforcer ses fonds propres, Credit Suisse a procédé à deux augmentations de capital, levant plus de six milliards de francs. Sa rivale UBS, qui a aussi adapté sa structure juridique pour répondre à la législation 'too big to fail', a écopé de deux nouvelles amendes d'un total de 545 millions de francs aux Etats-Unis dans l'affaire des manipulations des devises et du taux Libor.

PostFinance a pour sa part rejoint les deux grands établissements, la BCZ et le groupe Raiffeisen dans la catégorie des banques d'importance systémiques. Le bras financier de La Poste devra aussi remplir des exigences plus sévères en matière de fonds propres.

/ATS


Actualisé le

 

Actualités suivantes