Dominant les craintes suscitées par l'élection de Donald Trump aux Etats-Unis, les marchés ont fini en fanfare mercredi. Le retournement est survenu après l'ouverture de Wall Street, qui a ensuite fini en hausse. La Bourse suisse a évolué d'emblée dans le vert.
Pour la finance mondiale, l'Histoire a bégayé momentanément mercredi. Comme en juin où les investisseurs s'étaient couchés confiants avant le référendum britannique et s'étaient réveillés avec un Brexit, ils ont rêvé durant la nuit d'Hillary Clinton présidente pour découvrir au matin que ce sera Donald Trump.
Mais si les places financières ont connu une phase d'ajustement, avec des nettes baisses notamment à l'ouverture des Bourses européennes, non seulement elles n'ont pas cédé à la panique mais elles ont réussi à remonter la pente au fil de la journée, changeant même de cap grâce à aux marchés américains.
L'indice Dow Jones a fini sur une nette hausse de 1,40%, à 18'589,69 points, proche de son plus haut niveau à la clôture. Le dollar est lui aussi parvenu à inverser la tendance, remontant face à l'euro. Vers 21h15 GMT (22h15 en Suisse), l'euro s'échangeait à 1,0915 dollar, contre 1,1020 dollar mardi vers 22h00 GMT.
La Bourse suisse montre la voie
Quant à elle, la Bourse suisse a basculé la première dans le vert, oubliant très rapidement une ouverture en léger recul. L'indice des valeurs vedettes, le Swiss Market Index (SMI), a clôturé en progression de 1,99% à 7898 points, tiré par les pharmas, Novartis (+4,39%), Roche (+5,02%) et Actelion (+5,67%).
Les investisseurs ont montré leur satisfaction de voir s'éloigner la perspective d'une pression à la baisse sur le prix des médicaments, prônée par la candidate démocrate Hillary Clinton. Les bancaires, un moment à la peine, sont passées elles aussi dans le vert après 15h00.
La place helvétique a été suivie en fin de matinée par Londres, qui gagnait 0,31% au moment des premiers pas de Wall Street.
La Bourse de Paris a basculé dans le vert juste au moment où Wall Street ouvrait et a clôturé en hausse de 1,49%. Au même moment le jour de l'annonce du vote en faveur du Brexit la cote parisienne perdait près de 7%. Francfort a gagné de son côté 1,56%, contre un recul 2,87% à l'ouverture. Londres a fini en hausse de 1%.
Stabilité du franc suisse
Et le dollar est parvenu à inverser la tendance, remontant face à l'euro. A 17h30, l'euro valait 1,0943 dollar contre 1,1020 dollar mardi soir. Face au franc suisse, le billet vert s'était affaibli de plus de 2 centimes en fin de nuit, avant de grimper à nouveau au-dessus de 98 centimes.
Stable longtemps, l'euro reculait quelque peu en fin de journée pour valoir 1,0754 franc, après être demeuré au-delà de 1,08 franc.
'Pendant la nuit, les marchés ont plus fortement accusé le coup mais une fois la stupeur passée, le fait qu'Hillary Clinton ne conteste pas la victoire et que le premier discours de Donald Trump soit perçu comme davantage fédérateur que diviseur a aidé les investisseurs à ne pas basculer dans la panique comme après le vote en faveur du Brexit', explique Alain Zeitouni, directeur des gestions pour Russell Investments France, basé à Londres.
Réaction temporaire
'La réaction des marchés est temporaire et est une réaction naturelle à une victoire surprise', a commenté Giuseppe Recchi, président exécutif de Telecom Italia.
Le mouvement de repli vers le refuge traditionnel des marchés obligataires, observé à l'ouverture du marché européen se tassait également.
A Londres, coeur de la finance européenne, l'ambiance n'en était pas moins sombre. 'Maintenant que Trump est élu, je ne sais pas quel sera le prochain désastre', lâchait John, un travailleur de la City, sous couvert d'anonymat.
Les marchés asiatiques ont davantage souffert. A Tokyo, l'indice vedette Nikkei, pourtant confiant en début de matinée, a chuté de 5,36%. Sydney a fini en recul de près de 2% et Hong Kong de 2,2%.
Cas mexicain
La monnaie mexicaine, baromètre de l'opinion des marchés ces dernières semaines sur l'issue du scrutin américain, a aussi payé le prix fort, plongeant de plus de 7% dans la journée. Vers 16h30, le dollar s'établissait à 20,30 pesos.
Le Mexique redoutait un succès de Donald Trump, du fait des menaces du milliardaire notamment de renégocier les accords de libre-échange.
Maintenant, 'le marché va surveiller avec beaucoup d'attention la manière dont il va mettre en place sa politique', relève Alexandre Baradez, un analyste de IG France. Il y aura donc certainement une 'phase d'attente et d'observation qui va suivre sur le programme et les réactions mondiales'.
/ATS