Le Groupement suisse pour les régions de montagne (SAB) mise sur la numérisation pour s'adapter aux besoins des utilisateurs et aux évolutions technologiques. Mais une connexion à haut débit, qui fait souvent défaut, est à cette fin cruciale.
Retraçant vendredi à Berne ses 75 ans d'histoire, le SAB - fondé en 1943 en tant que Groupement suisse des paysans de montagne - en a profité pour présenter aux médias ses priorités. La numérisation est la première d'entre elles: elle représente une opportunité majeure, a souligné Christine Bulliard-Marbach.
'Elle permet de mener une activité économique indépendante du lieu de production et favorise la création de nouveaux canaux de commercialisation, de nouveaux modèles de travail, de nouveaux moyens de mobilité', résume la présidente du SAB, citée dans un communiqué. Elle constate cependant qu'il existe un fossé ville-campagne: les villes bénéficient de bonnes connexions, tandis que certaines régions rurales sont à la traîne.
Il est 'vital' que le service universel soit porté à 10 Mbit/s, et que les réseaux à haut débit - y compris les réseaux 5G - soient étendus rapidement, plaide Mme Bulliard-Marbach, conseillère nationale (PDC/FR). 'Il faut aussi que le Conseil fédéral renonce à introduire des dispositions qui freinent les investissements, dans le cadre de la révision de la loi sur les télécommunications'.
Transport et réseau postal
La présidente insiste aussi sur l'importance d'un réseau de transport public régional dense, et de points d'accès nombreux aux services postaux. Des structures qu'il faut non seulement maintenir, mais aussi renforcer. Le SAB propose une cadence à la demi-heure dans le transport régional. Quant au réseau postal (actuellement en pleine restructuration), il estime qu'il ne doit pas être défini en fonction d'une moyenne nationale 'peu pertinente', mais régionalement.
Parmi les autres services cruciaux pour les régions de montagne, Christine Bulliard-Marbach mentionne la fourniture d'électricité et les soins médicaux de base, qu'il s'agit également de renforcer, selon elle. D'une manière générale, le service universel doit être appréhendé par des approches intersectorielles et intercommunales.
Favoriser l'emploi
Deuxième cheval de bataille du SAB: des places de travail attractives. Le développement des régions de montagne et de l'espace rural dépendra beaucoup de la création d'emplois attrayants, relève la présidente. L'industrie et l'artisanat - qui représentent 35% des emplois - sont plus importants en milieu rural que dans le reste de la Suisse.
'Cette importance doit être prise en compte par les milieux publics et politiques'. La présidente réclame des conditions-cadres favorables, notamment quant à la fiscalité, aux services sociaux et à l'aménagement du territoire.
Le tourisme aussi est essentiel pour l'espace alpin: il représente 27% des emplois et 21% de la valeur ajoutée brute, selon les chiffres avancés par le SAB. Or, le secteur décline. 'Le tourisme alpin doit être repositionné', estime la présidente. Une coopération accrue entre les prestataires s'impose. La philosophie est à revoir également, en valorisant les saisons du printemps et de l'automne. L'innovation est fondamentale.
La jeunesse est aussi une question centrale pour le Groupement suisse pour les régions de montagne. Il faut lui offrir des perspectives intéressantes. Depuis 2015, le SAB met donc l'accent sur les jeunes: un forum a été mis en place pour leur donner la parole et ainsi connaître leurs besoins et préoccupations. Développé dans ce cadre, le label 'Commune de montagne - La jeunesse, notre avenir' a été attribué à 12 communes attrayantes pour la jeunesse.
Une Suisse de montagnes
Selon la définition de la politique régionale de la Confédération, les régions de montagne et rurales couvrent 87% du territoire, souligne le SAB. Elles comptent 3,7 millions de personnes et deux millions d'emplois.
Mais l'évolution y est très inégale: en montagne, la population se concentre toujours plus dans les centres régionaux et touristiques, alors que les petites communes ont tendance à perdre des habitants. 'Cette évolution nécessite une approche différenciée' prône le SAB.
Malheureusement la politique régionale du gouvernement fédéral, qui devrait surtout avoir un impact sur les régions structurellement faibles, encourage les projets dans les centres régionaux, constate le SAB. Il demande donc que les priorités soient revues. 'La Confédération ne doit pas renoncer à sa responsabilité quant aux régions de montagne et rurales'.
/ATS