Alors que les élections fédérales se profilent, economiesuisse demande aux politiques de s'engager en faveur de conditions cadre stables. L'association faîtière met aussi en garde contre une application trop rigide de l'initiative contre l'immigration de masse.
L'emploi et les décisions d'investissement en Suisse dépendront considérablement de la mise en oeuvre de l'initiative contre l'immigration de masse, a souligné vendredi à Lucerne Heinz Karrer, le président d'economiesuisse dans le cadre de la 'Journée de l'économie'. Si son application devait se révéler trop rigide, près du quart des 7000 entreprises employant 120'000 personnes sondées par l'association faîtière attend un recul des postes de travail.
Devant les délégués de la Fédération des entreprises suisses et leurs invités, notamment la présidente de la Confédération Simonetta Sommaruga, M. Karrer a jugé la proposition de mise en oeuvre plus restrictive que le texte constitutionnel. En lieu et place, l'application de l'initiative doit être plus favorable à l'économie et compatible avec les accords signés avec l'Union européenne (UE), a poursuivi M. Karrer, selon le texte de son discours.
M. Karrer a rappelé la proposition de l'économie comprenant des contingents globaux et une clause de sauvegarde. Le président d'economiesuisse a aussi plaidé en faveur du maintien des accords bilatéraux avec l'UE. L'an passé, les entreprises helvétiques y ont exporté des marchandises à hauteur de 128 milliards de francs. Les livraisons en provenance du premier partenaire économique de la Suisse, se sont elles montées à 167 milliards.
Situation délicate
Dans une conjoncture déjà difficile, la décision à mi-janvier de la Banque nationale suisse (BNS) d'abandonner le taux plancher liant le franc à l'euro a encore accru la pression pesant sur l'économie helvétique. La situation est délicate, a averti M. Karrer, la comparant à celle d'une flotte de navires affrontant une tempête et sur certains desquels les gilets de sauvetage auraient déjà été distribués.
Alors que près du tiers des entreprises s'attendent à essuyer des pertes au niveau opérationnel cette année, une firme sur six prévoit de transférer une partie de sa production à l'étranger, au minimum, selon M. Karrer. En considérant les chiffres du commerce extérieur et d'autres indicateurs, il ne fait aucun doute que l'économie helvétique va au-devant d'adaptations douloureuses.
'Dans de telles conditions, il est tout de même étonnant qu'à Berne, le monde politique, pourtant conscient de la situation, poursuive imperturbablement sur sa lancée plutôt que de veiller à ne pas péjorer les conditions cadre de l'économie', s'est inquiété M. Karrer. L'heure n'est pas aux expérimentations, a-t-il averti.
Au lieu de minimiser la valeur des accords bilatéraux et de continuer à sur-réglementer le marché du travail, il serait plus utile aux entreprises que le Parlement unisse ses forces en vue de renforcer le site industriel suisse, a ajouté M. Karrer.
Affirmations trompeuses
La présidente de la Confédération a aussi mis en exergue l'importance des relations entre la Suisse et l'UE. 'Clarifier cette relation représente probablement la principale tâche politique de ces prochaines années', a déclaré Mme Sommaruga, selon le texte de son intervention.
'Soit nous nous replions sur nous-mêmes, soit nous faisons partie de l'espace économique européen. Prétendre que les deux sont possibles simultanément, c'est tromper la population', a dit la cheffe du Département fédéral de justice et police.
/ATS