L'activité économique de l'Inde a progressé de 7,2% au cours de l'année fiscale qui s'est achevée en mars, stimulée par un secteur des services robuste et la consommation, selon des chiffres officiels publiés mercredi.
Le produit intérieur brut (PIB) de la cinquième économie mondiale a enregistré une croissance de 6,1% au premier trimestre 2023 par rapport à la même période de l'an dernier, selon les données publiées par le Bureau national des Statistiques.
Ces chiffres sont légèrement supérieurs aux attentes du marché, qui tablaient sur environ 5,5% au premier trimestre 2023 et 7,0% pour l'exercice 2022/23.
Le pays d'Asie du Sud a l'un des rythmes de croissance les plus rapides parmi les grandes économies mondiales.
Dans son rapport annuel publié mardi, la Reserve Bank of India (Banque centrale - RBI) a prévu une croissance du PIB de 6,5% pour l'exercice 2023-24, en raison de risques d'inflation atténués.
De son côté, le Fonds monétaire international (FMI) prévoit une croissance de l'économie indienne de 5,9% pour l'exercice 2023-24.
Daniel Leigh, qui dirige la division des études économiques mondiales du FMI, avait estimé en avril que le pays était 'l'un des points lumineux de l'économie mondiale'.
Après la crise du Covid, la croissance économique de l'Inde, pays le plus peuplé du monde devant la Chine selon l'ONU, avait rebondi de 9,1% en 2021/22.
Mais comme d'autres pays, ce géant asiatique a été confronté à des vents contraires, notamment le resserrement des conditions financières mondiales, la guerre en Ukraine et des tensions géopolitiques.
L'Inde importe plus de 80 % de ses besoins en pétrole brut, et la guerre en Ukraine a fait grimper le prix de l'essence.
Malgré cela, le pays de 1,4 milliard d'habitants a enregistré une croissance record au niveau mondial, en dépit de l'incertitude qui règne sur les marchés financiers et des turbulences dans le secteur bancaire.
Cette forte expansion devrait être favorable au Premier ministre Narendra Modi, qui brigue un troisième mandat aux élections générales de 2024.
Parmi les grandes économies, les États-Unis sont confrontés à des niveaux d'inflation toujours élevés et la reprise de la Chine s'essouffle.
Au premier trimestre 2023, l'économie chinoise a progressé de 4,5% en glissement annuel selon son Bureau national des statistiques, tandis que le département du Commerce de Washington a déclaré que la croissance des États-Unis de 1,1% était anémique.
'Forte résistance'
La plus grande économie européenne, l'Allemagne, est entrée en récession au début de l'année, et la croissance du Japon s'est élevée de 0,4% au premier trimestre 2023.
Selon les analystes, les dépenses publiques et la consommation intérieure ont permis à l'économie indienne de rester robuste.
Le directeur de la Banque mondiale pour l'Inde, Auguste Tano Kouame, avait déclaré en avril que l'économie indienne 'continuait de faire preuve d'une forte résistance aux chocs extérieurs'.
'Malgré les pressions extérieures, les exportations de services de l'Inde ont continué à augmenter et le déficit des comptes courants se réduit', avait-il ajouté.
Selon les économistes, la baisse des prix du pétrole brut au début de l'année, associée à un secteur des services florissant, avait stimulé la croissance au cours du trimestre.
Le secteur des services indien a atteint son plus haut niveau depuis près de 13 ans en avril, grâce à une forte production dans les secteurs de la finance et de l'assurance, selon l'indice des directeurs d'achat (PMI) de S&P Global India Services.
Les pressions inflationnistes, qui ont conduit la RBI à relever ses taux d'intérêt de 4,0% à 6,50% entre mai 2022 et février dernier, avant de faire une pause en avril, se sont atténuées ces derniers mois.
L'inflation à la consommation est tombée à 4,70% en avril, se situant dans la fourchette cible de 2,0 à 6,0% fixée par la Banque centrale, par rapport à 5,66% en mars et au pic de 7,79% atteint en avril 2022.
Le conseiller économique en chef de la State Bank of India, Soumya Kanti Ghosh, a souligné dans une note vendredi que le secteur manufacturier devrait se redresser, tandis que l'augmentation des dépenses publiques 'renforcerait la création d'emplois et la demande'.
Mais les analystes ont également averti que le taux de chômage, qui a augmenté cette année et atteignait 8,11% en avril, selon les données du Centre for Monitoring Indian Economy (CMIE), pourrait peser sur l'économie.
/ATS