Solar Impulse 2 (SI2) est prêt à décoller. Il ne reste plus qu'à trouver une fenêtre météo favorable au survol de l'océan Pacifique.
L'avion solaire de Bertrand Piccard se trouve à la septième étape de son tour du monde qui doit relier la ville chinoise de Nankin à Hawaï. Le décollage a déjà été reporté plusieurs fois en raison des conditions météorologiques.
'Si l'attente est frustrante, la situation n'est pas problématique', a expliqué jeudi Bertrand Piccard lors d'une conférence téléphonique. Idéalement, l'équipe devrait terminer la traversée de l'océan Atlantique d'ici à la mi-juillet pour respecter l'agenda.
'Mais même si le rôle des pionniers est de faire l'impossible le plus tôt possible, il ne s'agit pas ici d'une course contre la montre', tient à préciser Bertrand Piccard. Pour lui, si l'aventure se réalise en deux ans au lieu des douze mois prévus initialement, ce n'est guère problématique.
Les conditions optimales de vol? 'Un ciel clair accompagné de 'jet streams', ces courants d'altitude qui favorisent la progression de l'avion. A l'inverse, les alizés présents en basse altitude freinent l'appareil', répond le pilote André Borschberg.
Pas d'annulation de vols
Au côté de la météo, l'équipe fait face à d'autres défis. André Borschberg doit rester durant cinq jours et cinq nuits aux commandes de la machine. Cela représente 120 heures et plus de 8000 kilomètres à parcourir, un record. 'L'avion n'a jamais volé aussi longtemps', souligne le pilote.
A cela s'ajoute le problème des changements d'altitude liés aux vents et à l'énergie disponible. La journée, l'appareil amasse de la chaleur, ce qui le fait s'élever alors que la nuit, il a tendance à perdre de la hauteur.
Autre difficulté: le manque d'informations disponibles sur la puissance de l'avion. 'Nous ne savons pas encore ce dont l'appareil est capable, nous avançons un peu les yeux bandés', raconte André Borschberg. De ce fait, l'équipe préfère miser sur la prudence et faire preuve de patience.
Aventure humaine
Cette aventure est également soumise à des contraintes matérielles et humaines. Il faut planifier les besoins en eau et en nourriture. Tout en veillant à la sécurité.
Pour ce faire, les deux pilotes ont suivi un entraînement spécifique avec la marine allemande. Ils disposent aussi d'un parachute et d'un canot de sauvetage. 'A cet égard, le développement des avions solaires sans pilote facilitera bien des choses', souligne Bertrand Piccard.
Technologie verte en marche
'L'équipe technique planifie le vol à venir comme un jeu d'échec en trois dimensions. Elle est sur le pied de guerre jour et nuit', confie Bertrand Piccard.
Météorologues et ingénieurs planchent sur des fenêtres météo de trois jours. Si la situation est favorable, ils lancent une simulation. Cela explique les faux départs de ces derniers jours qui ne sont en réalité pas des vols annulés.
'Préparation mentale'
Bertrand Piccard et André Borschberg profitent de ces heures à disposition pour se ressourcer même s'ils piaffent d'impatience de continuer l'aventure. 'Je tire parti de ce temps disponible pour affiner ma préparation mentale', précise André Borschberg. Celui-ci s'adonne au yoga alors que son acolyte pratique l'autohypnose.
'Au-dessus du sol, l'équilibre corps et esprit s'avère capital pour gérer stress, fatigue et moment d'euphorie', confie André Borschberg. En vol, les pilotes dorment par tranches de 20 minutes.
Bertrand Piccard a également profité de ce temps à disposition pour se rendre à Paris. Il a participé à l'inauguration de l'exposition Solar Impulse 1 à la Cité des sciences de la ville Lumière. 'Les technologies vertes font leur entrée dans les musées. Cela montre à quel point le monde de la technique évolue vite', conclut-il.
/ATS