L'Allemagne et la France veulent la mise en place d'un budget commun pour la zone euro visant à mieux la protéger contre les crises, a annoncé la chancelière allemande Angela Merkel. Le président français a appelé à une réponse européenne face au défi migratoire.
'Nous nous engageons pour un budget de l'euro', a déclaré Angela Merkel lors d'une conférence de presse à Berlin avec le chef de l'Etat français. Ce dernier plaide de longue date pour l'instauration d'un tel instrument de solidarité et de stabilité pour les dix-neuf Etats de la zone euro. Ce budget, composé de 'dépenses et de recettes', pourrait être mis en place en 2021, à condition que le projet soit aussi approuvé par les dix-sept autres pays de la zone euro, a précisé le chef de l'Etat français.
Il aura pour fonction d'accompagner les pays lorsqu'ils font face à des difficultés, a-t-il détaillé, et permettra de 'répondre au défi qui est le nôtre, les divergences entre nos économies'. Le budget pourraient être alimenté via des transferts nationaux ou en provenance du budget de l'Union européenne, a détaillé Mme Merkel.
Les deux dirigeants n'ont toutefois pas dévoilé de quel montant il pourrait être doté. Emmanuel Macron avait plaidé l'été dernier pour un budget 'à plusieurs points de PIB', soit plusieurs centaines de milliards d'euros, montant que l'Allemagne avait rejeté.
La première économie européenne s'est très longtemps montrée réticente à la création d'une telle capacité de financement propre à la zone euro. Berlin craint qu'elle encourage une 'union de transferts', qui voudrait dire en clair que les pays les plus 'vertueux' - comme l'Allemagne qui affiche un excédent budgétaire - seraient contraints de payer pour les pays dont ils jugent la politique trop laxiste, comme l'Italie ou l'Espagne.
'Choix de civilisation'
L'Europe est confrontée à 'un choix de civilisation' face aux discours anti-européens et nationalistes, a jugé M. Macron en présentant avec la chancelière allemande des propositions communes pour réformer l'UE.
'Ce sommet intervient (...) à un moment de vérité pour chacun de nos Etats et pour notre continent. C'est même peut-être un choix de civilisation', a-t-il dit entre d'un côté 'celles et ceux qui voudraient dire que cette Europe est bonne à détricoter' et ceux, comme lui et Angela Merkel, qui veulent 'faire avancer cette Europe'.
Dans le dossier brûlant de la crise migratoire, Emmanuel Macron et Angela Merkel ont une nouvelle fois exhorté leurs partenaires européens à apporter une réponse commune à la question migratoire à l'heure où l'Union européenne est traversée par de nouvelles lignes de fractures.
'Nous croyons à une réponse européenne face au défi migratoire', a déclaré le chef de l'Etat français lors de la conférence de presse commune. 'Nous sommes très clairement ensemble déterminés à agir de manière européenne et coordonnée avec l'ensemble des Etats membres' qui ont ce sujet en commun.
'Plateformes de débarquement'
'Nous souhaitons oeuvrer de façon coordonnée au niveau européen, nous voulons éviter que l'Europe se divise, nous voulons agir pour trouver des réponses communes', a abondé à ses côtés la chancelière allemande, quelques jours après l'annonce d'un 'axe' réunissant les ministres allemand, autrichien et italien de l'Intérieur contre l'immigration illégale.
Selon le projet de déclaration du Conseil européen de fin juin à Bruxelles, les dirigeants de l'UE devraient s'accorder la semaine prochaine sur une réflexion autour de la mise en place dans des pays tiers de 'plates-formes régionales' de gestion des réfugiés et des migrants.
'Ces conclusions n'ont pas encore été discutées au niveau européen donc je serai très prudent sur ce point', a dit M. Macron. 'Vous avez dans des camps en Libye des personnes qui ont été la proie des passeurs et qui prennent la mer. Nous savons qu'ils prennent un risque mortel donc nous devons sur ce sujet améliorer nos éléments de réponse en coordination avec l'Etat libyen'.
'Toutes les initiatives concrètes qui permettent sous la supervision des Nations unies de répondre à nos impératifs moraux et humanitaires, de préserver la vie de ces femmes et ces hommes et d'éviter l'afflux de femmes et d'hommes qui n'ont aucune chance d'obtenir l'asile (...) est un bon mécanisme et nous continuerons à les encourager', a-t-il ajouté. Mme Merkel a salué de son côté de potentielles 'bonnes initiatives'.
/ATS