La prise en charge des interruptions de grossesse (IVG) par l'assurance-maladie ne doit pas être remise en cause. Alain Berset a lancé lundi la campagne contre l'initiative populaire "financer l'avortement est une affaire privée", en votation le 9 février. Ce texte est "dangereux et trompeur", selon le conseiller fédéral.
L'initiative des milieux anti-avortement vise à supprimer, sous réserve de rares exceptions, le remboursement des IVG par l'assurance obligatoire des soins. "Sous prétexte d'économies, cette initiative veut opérer une marche arrière et remettre en cause un acquis social important", a déclaré le ministre de la santé lors d'une conférence de presse.
La réduction des dépenses à charge des caisses maladie, estimées à moins de 8 millions de francs par an, ne saurait justifier cette radiation puisque la somme représente 0,03% des 26 milliards de francs à charge de l'assurance obligatoire. Les femmes concernées assument d'ailleurs une partie des coûts par le biais de la franchise et de la quote-part.
Une femme qui s'interroge sur la possibilité d'interrompre sa grossesse est confrontée à une lourde décision, a fait valoir Alain Berset. Pour lui, il ne faut pas rendre son choix encore plus difficile en imposant des critères financiers.
"Nous craignons que si les IVG n'étaient plus remboursées, certaines femmes seraient tentées de se débrouiller par d'autres moyens", a prévenu le conseiller fédéral. Elles risqueraient d'être mal encadrées sur le plan médical. L'assurance-maladie devrait assumer d'éventuelles séquelles médicales.
Le système actuel, adopté largement par le peuple en 2002, garantit la qualité de l'intervention et un soutien optimal aux intéressées. Il a fait ses preuves, puisque le taux d'avortement en Suisse est très faible en comparaison internationale, a jugé M.Berset.
En 2012, 10'853 interruptions de grossesse ont été pratiquées en Suisse. Cela correspond à sept interventions pour 1000 femmes de 15 à 44 ans, soit un des taux d'avortements les plus bas d'Europe. Chez les adolescentes, la part ne cesse de chuter; elle a passé de 6 pour mille en 2005 à 4,5 l'an dernier.
Le régime du délai, en vigueur depuis octobre 2002, a dépénalisé l'IVG. Il autorise une intervention dans les douze premières semaines de grossesse. Le médecin doit s'entretenir de manière approfondie avec la femme et lui remettre un dossier contenant des listes de centres de consultation gratuits, d'associations pouvant apporter un soutien moral ou financier et des possibilités de faire adopter l'enfant.