Alain Duménil, qui détient 51% des parts du journal l'Agefi, est suspecté d'avoir soustrait plus de cinquante millions de francs au fisc. L'information a été révélée jeudi simultanément par "L'Hebdo" et le "Tages-Anzeiger".
Domicilié à Crans-Montana (VS), le millionnaire franco-suisse aurait omis de déclarer des dividendes exceptionnels versés par la société Acanthe Développement, à Paris, dont il est l'actionnaire majoritaire. L'Administration fiscale des contributions (AFC) le soupçonne aussi de détenir des participations dans des sociétés françaises dont il n'aurait jamais déclaré l'existence.
Le total des revenus imposables non déclarés s'élèverait à 54 millions de francs, ce qui correspond à un montant d'impôts impayés de vingt millions. La fraude se serait étendue sur plusieurs années, entre 2003 et 2011.
Des arrêts diffusés la semaine dernière par le Tribunal pénal fédéral (TPF) à Bellinzone révèlent que la cheffe du Département fédéral des finances Eveline Widmer-Schlumpf a donné son feu vert, en novembre 2013, à l'ouverture d'une enquête fiscale spéciale contre M. Duménil. Des perquisitions ont eu lieu, notamment à son domicile.
Parallèlement, l'AFC a ordonné le séquestre de biens immobiliers et de comptes. M. Duménil a dénoncé ce séquestre: "On veut m'empêcher de me défendre, on fait en sorte que je ne puisse pas payer un avocat, on veut m'empêcher de poursuivre mes affaires".
Alain Duménil s'y était opposé, en vain, cherchant à se prévaloir de l'immunité diplomatique en sa qualité de représentant de la Mission permanente de la République de Madagascar auprès de l'ONU.
L'avocat Alexandre Faltin souligne que son client a un certain nombre d'arguments à faire valoir pour contrer la position du fisc. Sans être entré sur le fond, le TPF a rendu des décisions et contre certaines d'entre elles, des recours ont été déposés au Tribunal fédéral, tient à préciser Me Faltin.