Les scénarios envisagés après le "oui" à l'initiative contre l'immigration de masse ont continué d'affluer ce week-end. A quatre jours d'une réunion des représentants des milieux concernés à Berne, visant à former un groupe d'experts qui devra trouver une solution, aucune ligne claire ne se dessine.
L'initiative de l'UDC va déboucher sur une lutte autour de la répartition de la main-d'oeuvre qualifiée, estime le chef de la politique économique du Seco. Selon Eric Scheidegger, le défi consistera à appliquer ce texte sans mettre en péril la prospérité économique de la Suisse.
La gageure est telle que le politologue et spécialiste de l'UE, Dieter Freiburghaus, juge "très probable" que l'initiative ne soit jamais mise en"oeuvre. La loi d'application ne trouvera jamais de majorité vu l'importance des accords bilatéraux, a confié le professeur honoraire à l'IDHEAP.
Pour Eric Scheidegger, les contingents pourraient être moins élevés pour les pays tiers, et plus gros pour les Etats membres de l'UE. Mais "plusieurs branches revendiquent également un accès à une force de travail en provenance de pays tiers", avertit-il.
Le noeud du problème entre la Suisse et l'UE tourne autour de la libre circulation avec la Croatie, note Michael Ambühl. D'après l'ex-secrétaire d'Etat qui a négocié les bilatérales II, "il sera très difficile de trouver une solution" pour concilier le vote du 9 février avec la libre circulation.
C'est sur cet aspect-là que devra plancher le Conseil fédéral. Les partenaires sociaux (patrons, entreprises et syndicats), ainsi que des représentants des cantons, des villes et des communes se rencontreront jeudi pour jeter les bases d'un groupe d'experts, sans la présence des initiants.
Vexés par ce qu'ils considèrent comme une mise à l'écart, ces derniers pourront présenter leurs propositions au Département fédéral de justice et police (DFJP). L'UDC ne manque d'ailleurs pas d'idées.
Son vice-président Christoph Blocher propose notamment un permis à points. "Plus une personne est capable de s'intégrer, plus elle peut immigrer facilement", explique-t-il, précisant toutefois que l'intéressé doit "posséder un poste pour lequel il y a un manque sur le marché du travail".