Face aux besoins sexuels de certains résidents, plusieurs institutions pour personnes âgées à Lausanne et à Genève planchent sur des projets pour accompagner et encadrer leurs attentes. Le recours aux assistantes sexuelles en fait partie.
"Les besoins sexuels des aînés sont une réalité et un nombre significatif d’entre eux demeurent actifs, même à un âge très avancé", relève le Dr Francesco Bianchi-Demicheli, spécialiste en médecine sexuelle au département de gynécologie obstétrique aux Hôpitaux universitaires de Genève.
Et de citer deux études, l’une américaine de 2007 et l’autre française réalisée en 2009, dont les résultats se rejoignent: environ un quart des sondés de plus de 70 ans disent avoir eu une activité sexuelle au cours des mois précédant l’enquête.
Responsable de la direction des soins à la Paix du soir, Catherine Schneider œuvre depuis son arrivée à l’institution, en 2006, pour que les besoins sexuels de ses résidents soient pris en compte. Mettre à leur disposition des panneaux "ne pas déranger" à placer sur la porte, retirer la sonde de cet homme ou la protection urinaire de cette femme pour lui permettre de se masturber: des solutions existent.
Mais pour d’autres, "des hommes surtout", le contact physique demeure primordial. Selon Catherine Schneider, les services d’assistantes sexuelles, actives dans les foyers pour handicapés, pourraient être une réponse à leurs besoins. "Une réunion entre la direction et les médecins doit avoir lieu en mai, au plus tard en juin, pour discuter d’une ligne de conduite."
D’autres EMS ont tenté l’expérience avec succès, notamment La Fondation Mont-Calme, à Lausanne, depuis 2012. "Nous avions quelques ennuis avec un résident, qui molestait parfois les soignantes", explique Eliana Crausaz, animatrice socio-culturelle et initiatrice du projet. "Depuis qu’il a pu exprimer ce besoin, nous avons constaté des changements très positifs, pour lui comme pour les collaborateurs."
L’activité sexuelle a des effets bénéfiques prouvés sur la santé globale des individus, notamment au niveau cardiovasculaire, rappelle le Dr Bianchi-Demicheli. Et sur l'humeur. "Il est important que les institutions laissent l’espace nécessaire pour exprimer ce désir. Pour autant bien sûr que celui-ci ne soit pas lié à une pathologie et que la personne bénéficie de son discernement", ajoute-t-il.
Quid des familles ? "Si les personnes concernées ont leur capacité de discernement, elles n’ont pas à être informées. Il en va du respect de la sphère privée du résident", selon Catherine Schneider. Même son de cloche à la Fondation Mont-Calme, où ce service, dont le coût oscille entre 130 et 150 francs, est mentionné sur les factures comme une simple prestation bien-être.