Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées devant le Palais fédéral à Berne pour dire non à Ecopop samedi après-midi. Elles ont qualifié l'initiative de "dangereuse et inhumaine".
Les organisateurs ont dénombré plus de 8000 manifestants. Dans un communiqué en fin de journée, la police a fait état de "plusieurs milliers" de participants.
Les syndicats, les organisations de défense de migrants et de jeunesse, des oeuvres d'entraide et les partis rose-vert ont appelé à la manifestation. Celles-ci considèrent les propositions de cette initiative, soumise au peuple suisse le 30 novembre, comme "contre-productives et conduisant dans une impasse".
Le président du Parti socialiste Christian Levrat et la co-présidente des Verts Regula Rytz ont notamment pris la parole. Le ténor socialiste a fustigé les voix de droite qui dépeignent la Suisse comme une forteresse assiégée.
Il estime que les auteurs de l’initiative Ecopop attisent eux aussi la xénophobie et le chauvinisme, dans le but de détourner la Suisse de la voie bilatérale et de la condamner à l’isolement. Quant à son homologue verte, elle estime que même avec Ecopop, "la Suisse continuera à utiliser trois fois plus de territoire, de matières premières, d’énergie et d’aliments que ce qui lui revient".
Et de poursuivre: "la manifestation veut avant tout interpeller les jeunes. C'est très important, car il en va de leur avenir". Plusieurs organisations de jeunes ont d'ailleurs répondu à l'appel comme le Conseil suisse des Activités de jeunesse (CSAJ), association faîtière de plus de 60 organisations, regroupant les scouts, la jeunesse de la Croix rouge ou l'Union des étudiants de Suisse (UNES).
"Plutôt que d’accuser les migrant(e)s de nos problèmes internes, il faut engager des réformes dans les domaines qui ont en besoin", préconisent encore la co-présidente verte et le président du PS au nom du Comité Suisse solidaire. "Ecopop aggraverait les problèmes actuels, en particulier ceux des salariés", avertit pour sa part Vania Alleva, vice-présidente de l’Union syndicale suisse et co-présidente d’Unia.
Au nom de nombreuses organisations de migrants, Emine Sariaslan, présidente du Forum pour l’intégration des Migrantes et des Migrants (FIMM), a souligné l’importance de leur contribution tant à la prospérité de la Suisse qu’à sa diversité culturelle. Elle a été soutenue par de nombreux artistes sur place à Berne, qui se sont aussi exprimés par la parole et en musique.
Un important dispositif policier était déployé, car deux autres manifestations étaient annoncées: l'une organisée par des alternatifs, l'autre par des sympathisants de droite en faveur d'Ecopop.