Le procès de deux fraudeurs présumés lors de l'élection à la mairie de Porrentruy (JU) en 2012 s'est ouvert sur fonds de rancoeurs personnelles. Le Ministère public a requis des peines pécuniaires de jours-amende alors que la défense a plaidé l'acquittement. Le verdict sera rendu mercredi.
Deux plaintes avaient été déposées peu après le second tour de l'élection à la mairie du chef-lieu ajoulot, le 11 novembre 2012, pour des soupçons d'irrégularités. Le candidat du Parti chrétien social-indépendant (PCSI) Thomas Schaffter avait devancé son adversaire du PDC Pierre-Arnauld Fueg.
Les prévenus, qui n'étaient pas liés, sont soupçonnés d'avoir, lors du premier et du second tour, contacté des électeurs, recueilli des enveloppes de vote par correspondance et rempli des bulletins. Ils avaient déclaré séparément à un journaliste bruntrutain avoir récolté ce matériel au profit du PCSI. Leurs propos avaient été enregistrés à leur insu.
Pour le Ministère public, il ne fait aucun doute que les deux accusés ont par leur comportement voulu influencer et fausser le résultat de l'élection en favorisant l'un des candidats. L'un des prévenus aurait récolté 150 enveloppes de vote par correspondance pour le 2e tour et l'autre entre 138 ou 139.
La procureure Frédérique Comte a requis contre l'un des prévenus une peine pécuniaire de 80 jours-amende avec sursis durant deux ans et contre l'autre une peine pécuniaire de 60 jours-amende ferme en raison de précédentes condamnations. Le juge pénal devrait fixer le montant du jour-amende.
Evoquant les motivations de l'un des prévenus, la magistrate a estimé qu'il avait voulu se venger de son ancien chef de service à l'origine de son licenciement, le candidat PDC à la mairie.
S'appuyant sur le dossier pénal, la juge administrative a annulé en mars 2013 le résultat du second tour, décision confirmée par la Cour constitutionnelle. Cette invalidation a obligé la tenue d'un "troisième tour" inédit qui a conduit à un renversement de situation avec la victoire du candidat PDC le 27 octobre 2013.
Les Bruntrutains ne revoteront pas même si les prévenus étaient acquittés et les soupçons de fraude écartés.