Des chercheurs de l'Université de Fribourg (UNIFR) ont mis au point une modélisation informatique permettant d'estimer la fonte des nombreux permafrost, souvent très différents. Ces travaux sont publiés dans le "Journal of Geophysical Research".
A cause du réchauffement climatique, le permafrost (sol gelé en permanence) fond de plus en plus et peut provoquer des éboulements. Pour évaluer le danger, il est important de pouvoir estimer quel type de permafrost commencera à fondre en premier et à quels endroits.
Le groupe de recherche dirigé par Christian Hauck, professeur de géographie physique, a choisi comme zones de test le sommet du Schilthorn (BE) et le glacier rocheux du Murtèl-Corvatsch en Haute-Engadine (GR). Les simulations sur ordinateur, d'après divers modèles climatiques, ont montré que le permafrost du Schilthorn commencera à fondre dans les 10 ou 20 prochaines années approximativement.
Le glacier rocheux du Murtèl-Corvatsch connaîtra le même processus 50 à 100 ans plus tard seulement. "Nous avons constaté que notre simulation dépendait bien moins du choix du modèle climatique que des conditions locales du permafrost", explique Christian Hauck, cité mardi dans un communiqué de l'UNIFR.
Précision inédite
Le travail de Martin Scherler, doctorant auprès du Pr Hauck, est basé sur l’analyse de données provenant de forages dans la roche et les matériaux meubles d’une profondeur de 60 à 100 mètres dans ces deux endroits. C’est de ces forages, effectués il y a 10 et 30 ans seulement, que proviennent les plus anciennes séries de données concernant le permafrost en Suisse.
Martin Scherler a mis en relation la structure géologique et les données climatiques locales, puis il a calculé les processus physiques à l’aide d’un modèle informatique, avec une précision inédite.
Un facteur critique concernant le dégel est de savoir jusqu’à quelle profondeur la couche superficielle (la couche active) fond en été. En effet, dès l’instant où elle n’est plus complètement congelée durant plusieurs années, le permafrost tout entier commence à fondre.
Or plus la teneur en glace - proportionnellement à la roche, à l’air et à l’eau sous forme liquide - dans la couche active est élevée, plus la fonte du permafrost sera retardée et plus longtemps ce dernier sera préservé, ont constaté les chercheurs fribourgeois.
Ces recherches vont encore être approfondies dans le cadre d'un projet du Fonds national suisse placé sous la houlette de l’Université de Fribourg. Des géographes des universités de Zurich et Lausanne et de l'Institut pour l'étude de la neige et des avalanches (SLF) de Davos, ainsi que des chercheurs en climatologie de l’EPFZ y collaboreront.