L'Union syndicale suisse (USS) est entrée mercredi en campagne contre le projet "Prévoyance vieillesse 2020" qui sera présenté d'ici la fin de l'année par le Conseil fédéral. Chiffres à l'appui, les syndicats plaident pour le maintien d'une AVS forte, dont le rapport cotisations/rentes est plus avantageux qu'un troisième pilier.
Dans la perspective des discussions sur le projet d'Alain Berset, l'USS prend les devants. Il s'agit de répondre aux campagnes de dénigrement des groupes d'assurances privées et des banques contre l'AVS, a lancé devant les médias à Berne son président Paul Rechsteiner.
L'AVS constitue selon lui le meilleur système pour la plus grande majorité de la population. L'USS a comparé le coût d'une même rente selon le modèle de l'AVS et celui d'une prévoyance privée.
Les chiffres sont sans appel: un ménage modeste qui a élevé deux enfants et touché un dernier salaire de 7400 francs aurait droit à une rente AVS mensuelle de 3150 francs s'il avait pris sa retraite en 2013. Pour cela, il aurait versé durant toute la vie active 305’500 francs de cotisations.
Si la même famille avait dû épargner pour se constituer une rente identique, la facture aurait été bien plus lourde: un troisième pilier lui aurait coûté en tout 655’700 francs. Au lieu de seulement 10,3%, ce couple aurait dû mettre de côté 22,5% de son salaire pour sa prévoyance vieillesse, a illustré la secrétaire syndicale Doris Bianchi.
Même pour un salaire plus élevé, le rapport reste toujours avantageux pour le premier pilier: pour un revenu mensuel de 11'200 francs, le modèle de l'AVS est environ 217'000 francs moins cher que celui de la prévoyance privée. La limite supérieure à partir de laquelle la différence n'est plus notable intervient à partir d'un revenu annuel d'environ 220'000 francs.
La recette de ce succès repose surtout sur la forte solidarité entre les hauts et les bas revenus. "Les riches sont soumis au même taux de cotisation, mais ils recevront une rente plafonnée correspondant à celle des revenus modestes", a rappelé Doris Bianchi. Ce financement solidaire est un correctif aux écarts salariaux, ajoute-t-elle.
Les rentes versées actuellement s'étalent entre un minimum de 1170 francs par mois et un maximum de 2340 francs (3510 francs pour les couples). L’AVS n'a pas seulement fait ses preuves à titre individuel, mais aussi en tant que système de prévoyance. Son financement est stable.