La presse romande se montre sceptique face à la solution proposée par le Conseil fédéral pour résoudre le conflit des banques suisses avec les Etats-Unis. Sont soulignés au premier chef le coup de force de Washington et les incertitudes liées aux détails de cet accord.
"Ce que Washington veut, il l'obtient", écrit ainsi "Le Temps" jeudi. Selon le quotidien, "on ne peut pas parler d'accord, puisqu'aucune garantie n'est fournie par les Etats-Unis". Un avis partagé par "L'Agefi" qui souligne qu'aucun cadre ni aucune garantie délimitant le processus de résolution n’a été obtenu. "Cela paraît peu", relève le journal.
Finalement "tout le monde garde la tête haute", résume "Le Temps". "Le Conseil fédéral sauve l’apparence du droit en édictant une loi d’exception, et en refusant de couvrir des banques qu’il considère, pour certaines, comme indéfendables. Les banques obtiennent le droit de ne pas devoir livrer automatiquement le nom de leurs clients américains".
Widmer-Schlumpf critiquée
La "Tribune de Genève" se montre pour sa part particulièrement sévère à l'égard de la ministre des finances. Selon le quotidien, Washington a gagné sur toute la ligne. "Qu'a obtenu Madame Widmer-Schlumpf? Rien", assène le quotidien lémanique.
Les commentaires de la presse alémanique ne sont guère plus amènes. Tous relèvent que la solution présentée par la cheffe du Département fédéral des finances a été fixée par les Américains. La "Neue Zürcher Zeitung" parle d'un "ordre de marche de Washington" tandis que le "Blick" juge les pressions des USA "moches".
Tournant
Le quotidien "New York Times" a qualifié la proposition suisse de "tournant dans le conflit auparavant à l'escalade entre la Suisse et les Etats-Unis". "La Suisse lève le voile sur le secret bancaire", a souligné de son côté la chaîne de télévision CNN.
L'avocat fiscaliste Asher Rubinstein, qui conseille des clients américains de banques suisses, est convaincu que le secret bancaire fait partie du passé. "La dissolution du secret bancaire n'est pas nouvelle, elle fonctionne depuis cinq ans", a-t-il déclaré mercredi à l'ats.