Les partis ont croisé le fer jeudi au Conseil national sur les conséquences du oui à l'initiative UDC sur l'immigration de masse. Retransmise en direct à la télévision alémanique, la discussion de près de trois heures a été vive, mais aucun fait nouveau ni décision n'en sont sortis.
L'UDC a ouvert les feux en tirant à boulets rouges sur le Conseil fédéral. Contrairement à tous les milieux opposés au texte accepté le 9 février, les initiants sont les seuls à ne pas être intégrés dans le groupe d'experts établi pour la mise en oeuvre, s'est indigné le président Toni Brunner. Et d'accuser aussi la ministre de justice et police Simonetta Sommaruga d'être "un peu butée".
Appelant le gouvernement à "plus de courage, de confiance et d'assurance envers l’Union européenne", le St-Gallois a critiqué l'opposition du Conseil fédéral à des mesures urgentes par voie d'ordonnance. Or, l’immigration va continuer son augmentation massive ces trois prochaines années.
Bombardé de questions des autres partis, l'UDC a prôné le retour à l'ancien système des contingents. Pour le PS, il est important de lutter contre toute discrimination de groupes de citoyens européens, Pas question qu'un banquier puisse continuer à s'établir en Suisse avec sa famille et pas un ouvrier agricole ou un sommelier, a développé le chef du groupe socialiste, le Schwyzois Andy Tschümperlin.
Contrairement à ce qu'ont prétendu les initiants, tout l'édifice bilatéral est en danger. Le PS exige des réformes durables en matière de logement, aménagement du territoire, formation et emploi. Il a déposé une motion pour qu'une éventuelle dénonciation des accords bilatéraux soit précédée d'une votation de la population suisse.
Les Verts se sont félicités que le Conseil fédéral et l'UDC tiennent aux mesures d'accompagnement. Leur chef de groupe Balthasar Glättli, a appelé le gouvernement à signer l'accord d'extension de la libre circulation des personnes à la Croatie pour débloquer les choses.
Pour le PDC, il faut respecter la volonté du peuple et appliquer l'initiative. Pour résoudre les problèmes de main-d'oeuvre, il faut former plus de personnel en Suisse et, pour limiter l'immigration, trouver un système aussi peu bureaucratique que possible, a noté l'Argovienne Ruth Humbel.
"Le peuple a été trompé, il voulait limiter l’immigration abusive mais pas couper la voie bilatérale", a estimé le PDC vaudois Jacques Neirynck. Seule l'UDC n'a pas abondé dans ce sens.
Les libéraux-radicaux invitent le Conseil fédéral à prendre les inquiétudes de la population autant au sérieux que celles des milieux économiques, a estimé la cheffe du groupe PLR Gabi Huber.
Saluant un "débat vivant", Simonetta Sommaruga a dit qu'un plan de mise en oeuvre du texte serait élaboré d'ici fin juin et une loi mise en consultation d'ici à la fin de l'année. La situation est complexe. "Le gouvernement doit progresser rapidement, mais avec le soin voulu".