Le prix de l'alcool ne devrait pas prendre l'ascenseur. Un jour après avoir allégé l'imposition des spiritueux produits en Suisse, le National a biffé jeudi par 121 voix contre 50 le prix minimum de vente demandé par le Conseil des Etats pour réduire la consommation à risque et protéger la jeunesse.
En Suisse, un litre de vodka est accessible dans les rayons des magasins à 9 francs et chaque jour, six jeunes sont hospitalisés pour des comas éthyliques. "Le prix minimum est la mesure la plus ciblée et la plus efficace pour lutter contre les abus d'alcool", a soutenu Ada Marra (PS/VD). Il a fait ses preuves au Canada et les milieux de la prévention sont unanimes à soutenir la mesure.
Cela permettra aux alcools forts suisses de redevenir compétitifs par rapport aux boissons étrangères bon marché, vins et bière ne sont pas visés par le prix plancher qui dépendrait de la teneur en alcool, a répliqué Jacques-André Maire (PS/NE). La mesure poussera au tourisme d'achat transfrontalier et défavorisera les produits indigènes, a rétorqué Markus Ritter (PDC/SG).
Enrichir les détaillants
La droite a fait bloc. Pas question d'accepter une intervention de l'Etat dans la liberté économique. La mesure ne fera qu'accroître les marges des détaillants sur les alcools produits à bon compte.
Il ne faut pas mettre tous les jeunes dans le même sac et punir tout le monde en raison de la consommation problématique de certains, a estimé Caspar Baader (UDC/BL). "Introduire un prix minimum ne fera pas baisser le stock d'alcool dans les carnotzets", a ajouté Jean-René Germanier (PLR/VS).
Un prix minimum aurait un effet sur la consommation d'alcool, mais il pourrait encourager les produits bon marché au lieu de la qualité, a estimé la ministre des finances Eveline Widmer-Schlumpf. Pour protéger la jeunesse, le Conseil fédéral préfère trois autres mesures: l'interdiction des happy hours, celle de la vente nocturne d'alcool dans les magasins et la légalisation des achats-tests, en invitant le National à les soutenir.