La Commission européenne contre le racisme et l'intolérance (ECRI) du Conseil de l'Europe a publié mardi son cinquième rapport sur la Suisse. Saluée pour ses progrès, la Confédération peut toutefois encore mieux faire. L'ECRI est notamment préoccupée par le durcissement du discours politique.
Dans ce rapport, approuvé par le Conseil fédéral, la commission antiracisme du Conseil de l'Europe se félicite de "l'engagement constant" des autorités helvétiques et de leur condamnation claire du racisme et de la xénophobie. Elle salue notamment les centres de consultation mis en place pour les victimes de discrimination dans le cadre des programmes d'intégration cantonaux (PIC).
Elle voit également positivement le renforcement des mesures contre le racisme et la discrimination à l'école, ainsi que les offres de formation sur les droits humains. Globalement, la commission considère que le niveau de violence raciste, homophobe ou transophobe reste relativement bas.
L'ECRI se félicite par ailleurs de la création de structures de soutien dans plusieurs cantons et communes pour les personnes de la communauté LGBT (Lesbien, Gay, Bisexuel, Transgenre). La commission note également que les autorités ont pris des mesures pour traiter les sujets de l'orientation sexuelle et de l'identité de genre, notamment dans les écoles.
Malgré les progrès accomplis depuis le dernier rapport de 2009, certains points restent préoccupants, note l'ECRI. Cette dernière pointe notamment du doigt le discours "xénophobe, voire raciste", de certains politiques, qui a péjoré les conditions de vie et l'image publique de la communauté noire, des Yéniches et des gens du voyage.
Les réfugiés, les frontaliers et les personnes LGBT sont également victimes de discours discriminatoires. En outre, ces mêmes groupes sont confrontés à une forte discrimination sur le marché du travail.
Sur le plan juridique, l'ECRI déplore que la Suisse ne se soit toujours pas dotée d'une législation complète et efficace pour la lutte contre les discriminations, ni de procédures judiciaires facilement accessibles. La Commission fédérale contre le racisme (CFR) ne peut par exemple toujours pas être saisie de plaintes pour racisme.
La commission antiracisme recommande ainsi aux autorités helvétiques d'adopter une législation complète contre toutes les formes de discrimination et de légiférer pour que toute contrainte policière soit justifiée par "un doute raisonnable". L'indépendance de la CFR devrait également être consolidée.