Les pères suisses vont connaître une petite révolution dès le 1er juillet prochain avec l'autorité parentale conjointe automatique. Si ce changement est largement salué, la justice risque de devoir se prononcer sur le choix d'une école ou une autorisation de vacciner, en cas de désaccord entre les parents.
Car d'un côté, il y a le droit. De l'autre, la pratique. Lorsqu'un des parents refuse de coopérer et de respecter les règles fixées par la justice, celle-ci pourra distribuer des amendes ou en dernier ressort retirer l'autorité parentale conjointe.
La juge neuchâteloise Florence Dominé Becker ne craint pas l'afflux de ce genre d'affaires devant les tribunaux.
En cas de problème, c'est à un des deux conjoints de saisir la justice et d'apporter les preuves que le partenaire n'est pas en mesure d'assumer l'autorité parentale conjointe. La démarche est volontaire et n'est pas gratuite.
Au niveau suisse, 45% des divorces en 2012 ont été assortis d'une autorité parentale conjointe. Par contre, entre 10 et 15% des couples n'étaient pas en mesure de trouver un accord.
Les femmes vont sans doute continuer d'obtenir la garde. Dans neuf cas sur dix, celle-ci leur revient, car 60% d'entre elles travaillent à temps partiel face à 8% des pères.
"Philosophiquement, nous défendons l'autorité parentale conjointe", a dit à l'ats Nicole Baur, présidente de la Conférence romande des bureaux de l'égalité et déléguée à la politique familiale et à l'égalité dans le canton de Neuchâtel. "Mais il est important de distinguer les niveaux de décision: la personne qui vit avec l'enfant ne doit pas référer à l'autre parent de tous les choix faits au quotidien".
Du côté des pères, qui se plaignent "de n'être là que pour payer" face à des mères, qui dans certains cas, abusent d'une certaine position de force, le soulagement est perceptible. "Mais on divorce comme on a été marié", relève Nicole Baur.
Cette modification du Code civil a encore un effet rétroactif. Les couples ont jusqu'à cinq ans après le divorce pour demander la garde conjointe. Olivier Hunziker, président de l'association suisse pour la coparentalité (Gecobi), prévoit que près de 10'000 demandes pourraient être déposées.