Les pays voisins de la Syrie tirent la sonnette d'alarme. Jordanie, Liban et Turquie sont menacés d'"épuisement" par les multiples demandes que génère l'afflux massif de réfugiés syriens en raison du conflit voisin. Ils ont cherché un appui international lors d'une conférence sur le sujet à Berlin.
Plus de 40 représentants de gouvernements et d'organisations internationales étaient réunis mardi dans la capitale allemande, à l'invitation de l'Allemagne et du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). La conférence avait pour but de se pencher sur le sort des trois millions de réfugiés syriens et des pays voisins qui les accueillent.
"Nous nous rapprochons du stade de l'épuisement des pays hôtes, les limites de notre capacité à répondre aux besoins des réfugiés syriens sont mises à l'épreuve et elles ont déjà été atteintes", a dit Nasser Joudeh, ministre jordanien des Affaires étrangères.
Les défis sont immenses en termes de logement, d'éducation, d'emploi, de santé et de ressources de base comme l'eau, a-t-il souligné. La Jordanie accueille 1,5 million de réfugiés et immigrants venus de Syrie, alors que sa propre population est de 6,5 millions.
Le vice-ministre turc des Affaires étrangères, Naci Koru, a lui estimé à quatre milliards de dollars (3,8 milliards de francs) les dépenses déjà engagées par Ankara face à l'entrée de plus de 1,6 million de réfugiés. Il a ajouté que les pays voisins, dont le sien, "ont jusqu'à présent dû supporter une part disproportionnée du fardeau humanitaire résultant du conflit en Syrie".
Le Premier ministre libanais, Tammam Salam, a pour sa part parlé de "tragédie quotidienne" pour les réfugiés et les régions déjà pauvres qui les accueillent. Le Liban accueille plus d'1,1 million de Syriens, un lourd fardeau pour ce pays de 4 millions d'habitants aux équilibres confessionnels fragiles. Le conflit en Syrie y a provoqué des violences et l'a contraint à quasiment fermer sa frontière aux réfugiés.
Hôte du jour, le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier a estimé que la campagne internationale lancée pour mettre fin au "saccage meurtrier" de l'Etat islamique risquait d'échouer faute de réponse à la question des réfugiés.