Les hôpitaux pédiatriques du pays ont recensé l'an dernier 1292 cas de maltraitance d'enfants, indique vendredi la Société suisse de pédiatrie (SSP). Le nombre de dénonciations est en hausse de 13% par rapport à 2012, année pour laquelle 1136 cas réels ou présumés avaient été signalés.
C'est la première fois qu'autant de cas sont rapportés depuis le début de cette statistique il y a cinq ans, précise le groupe de travail pour la protection de l'enfant de la SSP. Cette hausse est attribuée principalement à une sensibilisation accrue des spécialistes concernés et à une meilleure saisie des cas.
Ceux-ci se répartissent à raison de 27% pour la maltraitance physique, 25% pour la négligence, 25% pour la maltraitance psychique, 22% pour les abus sexuels. Le syndrome de Münchhausen par procuration, où l'adulte provoque chez l'enfant de manière délibérée des problèmes de santé dans le but d'attirer l'attention du corps médical, a été détecté à quatorze reprises (1% des cas).
Près de la moitié des enfants (46%) avaient moins de six ans. Trois sont morts des suites des mauvais traitements; ils avaient tous moins d'un an. La maltraitance physique, psychique et la négligence se combinent fréquemment.
Les bébés restent les plus touchés: une dénonciation sur cinq (19%) concernait l'an dernier des enfants de moins d'un an, ont relevé les auteurs de la statistique annuelle sur la maltraitance d'enfants.
Dans l'ensemble, les victimes étaient à 45% des garçons et à 55% des filles. Celles-ci sont trois fois plus concernées par les abus sexuels (76%) que les garçons, alors que dans les autres formes de maltraitance les proportions sont équilibrées.
Sur les 1292 situations dénoncées, la maltraitance a pu être prouvée dans 55% des cas. Elle est vraisemblable dans 21% supplémentaires et n'a pas pu être vérifiée dans 24% des cas, précisent les experts.
Les auteurs d'abus font partie de la famille dans 78% des cas ou sont connus de l'enfant (14%). Seuls 8% des cas de maltraitance recensés ont été commis par des personnes étrangères au cercle familial ou par des inconnus.
Les auteurs de ces violences sont à 47% des hommes, 28% des femmes et dans 17% des cas les parents conjointement. Les abuseurs sexuels sont généralement des hommes (83%), et 18% étaient mineurs au moment des faits.
Les abus constatés ont fait l'objet de mesures de mises sous tutelle dans environ la moitié des cas. Un cinquième a eu des suites pénales.
Les données disponibles pour la statistique ont été transmises par 18 hôpitaux pédiatriques sur les 26 que compte le pays. Comme les cliniques qui n'ont pas transmis de données sont les plus petites, cette statistique recense "une grande partie" des cas d'abus, estime le groupe d'experts de la SSP.