Il y aura bel et bien un salaire minimum dans le canton de Neuchâtel, même si la population suisse vient de refuser une solution fédérale en votation. Le Grand Conseil a massivement accepté de fixer un montant plancher de 20 francs par heure.
Un employé à plein temps gagnera au moins 3467 francs par mois s'il travaille 40 heures par semaine, 3640 francs avec 42 heures hebdomadaires. La modification de la loi cantonale sur l’emploi doit entrer en vigueur le 1er janvier 2015. Le parlement cantonal a donné son feu vert par 85 voix contre 22 oppositions et 4 abstentions.
C'est "un tournant de cette législature", a souligné Silvia Locatelli (PS), appelant à une "union sacrée" du Grand Conseil pour adopter ce projet. Les socialistes ont fait un pas dans ce sens en renonçant à réclamer un relèvement du plancher à 22 francs.
De son côté, l'UDC a adhéré "sans grand enthousiasme", mais par "pragmatisme". Et de rappeler que le canton devait donner suite au vote positif de la population neuchâteloise en 2011.
Seule une poignée de députés UDC ont rejeté le texte, emboîtant le pas à une partie du PLR. Certains ont interprété comme un refus de principe le rejet de l'initiative fédérale pour un salaire minimum à 4000 francs par mois par la majorité des Neuchâtelois le 18 mai.
La méthode de calcul du montant prend comme référence le revenu garanti par les prestations sociales complémentaires AVS/AI définies au plan fédéral pour un individu seul et sans enfant.
Cela améliorera la situation de quelque 2700 personnes, a souligné le conseiller d'Etat Jean-Nat Karakash, en charge de l'économie et de l'action sociale. Ce sont en grande majorité des femmes et des travailleurs à temps partiel.
La mesure est positive pour eux, mais aussi pour la collectivité, souvent amenée à leur apporter des compléments de revenus, a-t-il ajouté. Il s'agit de résidents neuchâtelois en quasi-totalité et non de frontaliers, a-t-il ajouté.
Le surcoût pour l'économie est estimé à 9 millions de francs sur une masse salariale du secteur privé qui dépasse 4 milliards. Le changement touche principalement le secteur tertiaire, et presque pas les branches exportatrices. Des dispositions particulières sont prévues pour épargner les secteurs agricole et viticole.