Dans sa stratégie pour 2030, l'Office fédéral des transports (OFT) envisage d'augmenter la part du secteur privé dans l’actionnariat des entreprises de transport régional. Ce but est inscrit dans un document publié jeudi soir. Inacceptable estime le syndicat SEV, qui dénonce une privatisation rampante.
"La part des pouvoirs publics à la propriété des entreprises de transport ferroviaire (ETF) est sensiblement réduite", écrit l'OFT dans sa "Stratégie pour l'avenir des transports publics".
"L'idée est d'inciter les cantons à vendre au secteur privé leurs participations dans les petites entreprises de transport régional", qu’il s’agisse de trains ou de bus, explique à l'ats Olivia Ebinger, porte-parole à l'OFT. "Nous voulons introduire une plus grande concurrence pour davantage coller aux conditions de marché", poursuit-elle.
Il s’agirait notamment de séparer les rôles : l’Etat se contenterait de commander des prestations, et resterait responsable de l’infrastructure, tandis que les privés fourniraient l’offre, selon la porte-parole. A terme, l’OFT attend des réductions de coûts et de nouvelles offres pour la clientèle.
Ce désengagement des cantons et des communes ne toucherait que l’actionnariat des entreprises mais n'aurait pas d'incidences sur l'exploitation, précise-t-elle.
Les entreprises visées seraient surtout des petites sociétés comme le MOB (Montreux - Oberland bernois), Aare Seeland mobil (ASM) ou AAR bus+bahn. Ce projet ne concerne pas les CFF, car cette compagnie est "la seule qui assure du trafic grande ligne où il n'y a pas de concurrence".
En outre, la stratégie 2030 de l’OFT prévoit d’obliger les pouvoirs publics à mettre au concours les lignes ferroviaires du trafic régional comme c’est déjà le cas pour le secteur des bus depuis la réforme des chemins de fer d’il y a deux ans. Actuellement, la loi ne prévoit que la possibilité mais non l’obligation de mise au concours pour le rail.
L’office précise bien que ces objectifs pour 2030 sont susceptibles d’être modifiés voire abandonnés. Une prudence de mise qui paraît fondée.
Le Syndicat du personnel des transports (SEV) qui a pris connaissance du document de l’OFT monte déjà aux barricades. Il est inconcevable d’inciter les cantons et communes à privatiser leurs transports publics, explique Peter Moor, porte-parole du SEV.