Le loup pourrait être plus facilement tué dès juin 2015, tout en restant une espèce protégée. En ligne de mire, les jeunes animaux des régions où vivent des meutes. Avant d'être mis à mort, le canidé devra à plusieurs reprises s'être approché d'une agglomération sans vraiment craindre l'homme.
La conseillère fédérale Doris Leuthard a chargé l'Office fédéral de l'environnement (OFEV) de préparer un projet permettant de faciliter le tir du canidé à certaines conditions. La consultation sur cette modification d'ordonnance devrait avoir lieu au début de l'année prochaine, a indiqué lundi l'OFEV.
Outre la question des meutes, elle reprendra les questions débattues dans le cadre du plan "loup" désormais suspendu. Il s'agit de tenir compte des requêtes et des préoccupations des agriculteurs, des chasseurs et de la population de montagne, fait valoir l'office.
Et de rappeler que la situation a évolué depuis le retour du loup en Suisse. Le nombre d'animaux augmente pour atteindre la trentaine et des meutes se forment. La première a été observée en 2012 à Calanda (GR).
Pendant trois ans, l'OFEV va les surveiller de plus près. Ce projet d'étude devra permettre de comprendre pourquoi et comment le loup s'implante dans tel ou tel territoire. Il devra aussi évaluer l'efficacité des mesures d'effarouchement sur les louveteaux, ainsi que les réactions de la meute si un jeune est tué.
Le Conseil fédéral avait déjà évoqué la possibilité de s'en prendre aux meutes. Ces mesures seraient conformes à la Convention de Berne qui protège le loup. Ce texte autorise de le mettre à mort s'il y a un intérêt public prioritaire, notamment sanitaire ou sécuritaire. Il ne permet en revanche pas la chasse de ce canidé.
Le gouvernement ne souhaite pas aller plus loin. Pas question ainsi de pouvoir chasser Ysengrin toute l'année, comme le réclame le conseiller aux Etats René Imoberdorf (PDC/VS). En s'attaquant aux meutes, il répond en fait à une autre demande du Parlement. Une motion du Conseil des Etats, que le National est en passe d'accepter, va dans ce sens.
La législation autorise les cantons, moyennant l’assentiment préalable de l’OFEV, à prévoir la mise à mort d’animaux protégés "si la sauvegarde des biotopes ou le maintien de la diversité des espèces l’exige". Le loup peut être tué en cas d'importants dommages aux animaux dits de rente, de pertes sévères dans les contingents destinés à périr sous les balles des chasseurs ou de menace considérable pour l'être humain.
Pour l'auteur de la motion, Stefan Engler (PDC/GR), les méthodes appliquées jusqu'ici ne sont pas adaptées. Selon lui, il doit être possible de tuer le canidé dans une région où s'ébattent des meutes causant des dommages aux troupeaux et compromettant la bonne répartition de la faune sauvage, la sécurité publique ou l'exploitation touristique.
La commission de l'environnement du National, qui s'est ralliée à cette proposition sans opposition, évoque 'un compromis "judicieux et acceptable". On pourrait gérer les effectifs sans faire disparaître le loup de Suisse.
La révision du plan loup n'a satisfait personne parmi les milieux consultés. Selon ce projet, les effectifs pourraient être régulés s'ils sont assurés par une reproduction régulière, si une surveillance est en place et si les mesures de protection des troupeaux ont été prises.
Pro Natura et le WWF avaient répondu qu'ils n'approuveront des tirs de régulation que lorsque la population de loups sera viable. Selon les deux organisations, un concept ne saurait se baser que sur cette mesure.
Elles rejettent donc les mesures annoncées par l'OFEV. Et accusent Doris Leuthard d'activisme, alors qu'une seule famille de loup vit en Suisse. Pro Natura et le WWF évoquent aussi le fait que le Parlement n'a pas encore débattu de la révision de loi évoquée par la motion de Stefan Engler, qui pourrait être combattue par référendum.