Des islamistes extrémistes, activement impliqués dans des actions djihadistes, vivent aussi en Suisse. Selon une enquête du Centre d'études de sécurité de l'EPFZ, ils seraient "quelques dizaines de personnes". Plusieurs milliers seraient des sympathisants de milieux radicaux.
Le spécialiste italien du salafisme Lorenzo Vidino n'a pas eu de mal à trouver des islamistes fondamentalistes en Suisse. Selon le document de l'EPFZ, basé sur douze mois d'enquête, ils sont très actifs sur Internet. Certains vont jusqu'à poser avec le fusil d'assaut de l'armée suisse.
D'après ce chercheur, quelque 50 personnes soutiennent le djihad, la "guerre sainte" contre ceux qui refusent de se soumettre aux lois divines musulmanes. D'aucuns ont déjà voyagé à l'étranger pour nouer des contacts, en Somalie, au Yémen ou au Pakistan.
Des liens se tissent aussi avec des djihadistes basés en Allemagne, dans les Balkans et en France. Ils sont de plus en plus nombreux en Allemagne et selon Berlin, 220 Allemands se sont engagés aux côtés des rebelles islamistes syriens.
Plusieurs milliers d'individus ont des affinités avec des milieux radicaux, s'exprimant en des termes positifs sur "la guerre sainte" et le groupe islamiste radical al-Qaïda. Pour M. Vidino, ils ne sont pas dangereux en tant que tels, mais peuvent véhiculer des idées qui pousseront d'autres à commettre des actes violents.
Il y a vingt ans, les djihadistes présents en Suisse venaient principalement d'Afrique du Nord et étaient déjà radicalisés. Aujourd'hui, ils sont généralement nés sur le territoire de la Confédération, ou y ont du moins grandi.
Avant d'entrer en contact avec des groupes, ils se radicalisent presque seuls, via Internet par exemple, et moins par le biais de mosquées. "La plupart des mosquées suisses rejettent l'extrémisme", a rappelé M. Vidino.
En revanche, il existe des groupes de djihadistes qui gravitent autour de salles de prières privées ou de mosquées et prônent un islam rigoriste.
D'après l'expert, le djihadisme reste toutefois très marginal en Suisse et il ne faut pas créer un climat de peur. En comparaison avec d'autres pays, comme le Danemark ou la Belgique, la scène djihadiste en Suisse reste petite.