L'Union européenne et l'Ukraine ont signé vendredi le volet politique de leur accord d'association à Bruxelles. Ce texte vise à sceller l'ancrage européen d'un pays dont la confrontation avec la Russie a des relents de Guerre froide.
Le rapprochement, aux conséquences géostratégiques majeures, est intervenu au cours d'une intense séquence diplomatique pendant laquelle Vladimir Poutine a finalisé le processus d'annexion de la Crimée à la Russie, les Etats-Unis annonçant eux des exercices militaires en Pologne.
"C'est une journée historique pour mon pays et je suis convaincu que c'est une journée historique pour l'Union européenne tout entière", a déclaré le Premier ministre ukrainien par intérim Arseni Iatseniouk.
"Nous voulons faire partie de la famille européenne et c'est une première étape pour que l'Ukraine parvienne à son but ultime, une adhésion pleine et entière", a poursuivi M. Iatseniouk, même si pour de nombreux dirigeants européens, une adhésion n'est pas encore d'actualité.
Seuls les chapitres politiques de l'accord ont été signés, ceux qui instituent une zone de libre-échange ayant été renvoyés à la formation d'un gouvernement ukrainien (après les élections du 25 mai) et au lancement de réformes économiques demandées par le FMI.
Arseni Iatseniouk a mis à profit la tribune qui lui était offerte devant les dirigeants européens réunis au sommet pour mettre en garde l'Union sur le danger que constitue selon lui la politique étrangère du président russe.
"Dieu seul sait quelle est la destination finale, est-ce l'Ukraine? Est-ce l'Union européenne?", a-t-il dit, accusant Moscou de remettre en cause les frontières de la Seconde Guerre mondiale et de vouloir imposer un nouvel ordre "post-Guerre froide".
L'Union européenne a par ailleurs imposé des sanctions à douze personnalités russes et ukrainiennes accusées d'avoir joué un rôle dans la prise de la Crimée par Moscou. Parmi elles, le vice-Premier ministre russe Dmitri Rogozine et deux conseillers du président, Vladislav Sourkov et Sergueï Glaziev.
Cette liste compte désormais 33 personnalités russes ou ukrainiennes pro-russes. Toutes sont frappées par une restriction de visas et un gel de leurs avoirs dans l'Union.
Le président du Conseil européen Herman Van Rompuy a par ailleurs déclaré que l'UE, dépendante du gaz russe, élaborera d'ici juin un plan d'action destiné à accélérer la "réduction de la dépendance énergétique, particulièrement à l'égard de la Russie".