L'ancien numéro trois d'UBS, Raoul Weil, a été désigné, dès l'ouverture de son procès en Floride, comme le cerveau d'une fraude qui a permis à de riches Américains de dissimuler quelque 20 milliards de dollars au fisc américain. Il a néanmoins affiché un air détendu en ce premier jour consacré au choix des jurés.
"Il s'agit d'un cas classique et simple de fraude fiscale", a déclaré le procureur Mark Daly devant le juge James Cohn à Fort Lauderdale, en Floride. "Il avait le pouvoir de tout arrêter", a-t-il ajouté. Mais il ne l'a pas fait "car UBS se faisait beaucoup trop d'argent".
Raoul Weil, 54 ans, est accusé par le département américain de la Justice (DoJ) d'avoir aidé, avec d'autres banquiers de l'établissement, de riches Américains à dissimuler leurs avoirs au fisc de leur pays. Environ 20'000 clients américains fortunés auraient ainsi caché quelque 20 milliards de dollars (19 milliards de francs). Il se dit innocent.
"M. Weil ne s'est entendu avec personne pour frauder le fisc américain", a rétorqué l'un de ses avocats, Aaron Marcu. Sa ligne de défense sera de reporter la responsabilité de la fraude "sur un petit groupe de banquiers suisses", dont Martin Liechti, ancien responsable Amériques d'UBS et ex-bras droit de Raoul Weil, et l'ancien banquier d'UBS Hansruedi Schumacher.
M. Daly a également décrit un procédé digne selon lui des "James Bond" et autres films hollywoodiens. Les banquiers auraient rencontré leurs clients lors de foires, de tournois de tennis ou dans des chambres d'hôtel. Ils auraient utilisé des ordinateurs comportant un disque dur secret pour y enregistrer les données des clients, puis pouvoir les y effacer sans laisser de traces.
Le système auquel est accusé d'avoir participé Raoul Weil avait été dénoncé par un autre ancien banquier d'UBS, Bradley Birkenfeld, 49 ans, après avoir fait de la prison. Il avait perçu 104 millions de dollars de récompense.
Inculpé en 2008 et extradé aux Etats-Unis l'an dernier, où il est en liberté conditionnelle, Raoul Weil risque cinq ans de prison ferme et une lourde amende. Le juge James Cohn a prévu que le procès durera quatre semaines.
Le DoJ fera défiler à la barre des anciens banquiers repentis à qui a été accordée la clémence pour leur coopération. De son côté, la défense devrait produire un peu moins de dix témoins, dont deux ou trois s'exprimeront par vidéoconférence depuis Londres. D'après Aaron Marcu, nombre de témoins sollicités ont décliné de peur d'être arrêtés une fois sur le sol américain.