La Banque centrale russe sévit face aux sanctions occidentales

La Banque centrale russe a frappé fort vendredi pour éviter une nouvelle fuite des investisseurs face au durcissement des sanctions occidentales contre Moscou, avec une hausse drastique de taux qui risque de fragiliser davantage son économie.

A la surprise générale, la Banque de Russie a décidé lors de sa réunion mensuelle de politique monétaire de relever son taux directeur à 8%, contre 7,5% depuis avril. Elle s'est dite prête à aller plus loin "si les risques pesant sur l'inflation persistent".

Il s'agit de la troisième fois qu'elle resserre le robinet du crédit depuis mars, sur fond de crise dans l'est de l'Ukraine, où les forces gouvernementales affrontent des rebelles prorusses, et de sanctions occidentales croissantes.

"Les risques inflationnistes se sont renforcés", a expliqué l'institution, citant notamment "l'aggravation des tensions géopolitiques et ses répercussions potentielles sur l'évolution du taux de change". Cette décision vise à "créer les conditions en vue d'un recul de l'inflation à 6-6,5% d'ici à la fin de l'année", a-t-elle précisé, contre 7,8% en juin.

Décision préventive

La hausse des taux constitue "clairement une décision préventive pour limiter les fuites de capitaux avant de possibles nouvelles sanctions", a commenté l'économiste Neil Shearing, de Capital Economics.

Au moment du rattachement de la Crimée à la Russie en mars et dans les semaines suivantes, les premières mesures de rétorsion et la menace de sanctions plus sévères avaient provoqué des fuites massives de capitaux de Russie (75 milliards de dollars au premier semestre), faisant plonger le rouble et la Bourse et entraînant par ricochet les prix vers le haut.

La banque centrale avait alors nettement durci sa politique monétaire pour juguler le phénomène, faisant passer son taux directeur de 5% à 7,5%. Après plusieurs semaines de panique, la situation s'était apaisée, avec l'espoir d'une désescalade.

L'économie russe, en nette perte de vitesse ces dernières années, s'est contractée au premier trimestre et n'a évité la récession que de justesse au deuxième trimestre, selon les estimations du gouvernement.

/ATS


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