Le rejet massif d'Ecopop par le peuple est étroitement lié à l'acceptation de l'initiative de l'UDC contre l'immigration de masse le 9 février. La presse apparaît toutefois partagée sur les répercussions du "non" de dimanche dans les discussions entre Berne et Bruxelles.
Pour "24heures", la défaite d'Ecopop est "un retour de flamme cinglant au grand coup de barre, sinon de gueule, de février", quand la population avait indiqué vouloir reprendre un contrôle de l'immigration économique. Le texte, "dangereux et inconséquent", a été expédié "à sa seule destination possible: la poubelle".
Le rejet massif d'Ecopop pourrait donner à Berne "quelques latitudes bienvenues pour trouver à Bruxelles des modalités acceptables" pour appliquer l’initiative contre l’immigration de masse, ajoute le quotidien vaudois. "La Tribune de Genève" appelle toutefois à ne pas surinterpréter le résultat: "le peuple ne tolérerait pas une remise en question des nouveaux plafonds de l’immigration".
Le peuple ne s'est "pas non plus laissé abuser par les peurs et les slogans", ajoute le quotidien genevois, qui parle d'une volonté de "corriger les erreurs de la campagne du 9 février".
"Le Temps" se montre plus prudent. Certes, le peuple "a un peu recollé les pots cassés" en début d'année avec le Conseil fédéral et le monde politique, mais "la sévérité du score ne devrait rien changer à la stratégie" du gouvernement. Selon le quotidien, il serait grave de penser qu'il s'agit "d'un retour en arrière des électeurs, d'un vote de correction".
Le "non" massif à Ecopop n'est pas non plus "une autorisation à interpréter généreusement l'article constitutionnel sur la maîtrise de l'immigration de manière compatible avec la libre circulation".
Même constat de "La Liberté", pour qui "le verdict de novembre calme l'incendie de février, mais ne l'éteint pas". Le quotidien fribourgeois interprète le scrutin comme "un pas de réconciliation entre le peuple et la quasi-totalité du monde politique" qui invitait au refus du texte. Il ne s'agit cependant pas d'un "gommage de la votation du 9 février", insiste-t-il.
"Si les citoyens n’ont pas souhaité une fermeture totale des frontières, ils n’ont pas pour autant enterré l’idée d’une immigration maîtrisée", nuance "Le Matin". Est-ce "la raison ou l'intimidation qui a parlé dans les urnes", questionne le quotidien orange, rappelant qu'"en début d'année, le coup de griffe de l'UE contre la Suisse a refroidi plus d'un eurosceptique".
De l'autre côté de la Sarine, les journaux expriment aussi leur soulagement. Prudents, ils considèrent le scrutin de dimanche comme une étape intermédiaire sur le chemin semé d'embûches de la mise en oeuvre de l'initiative du 9 février. A l'image de la "Neue Zürcher Zeitung", pour qui la portée du vote "reste encore ouverte" puisque les discussions avec l'UE n'ont toujours pas débuté.