Les dividendes aux cantons menacés par l'initiative sur l'or (BNS)

La Banque nationale suisse (BNS), d'ordinaire plutôt discrète, intervient dans la campagne autour de l'initiative sur l'or, soumise au vote le 30 novembre. Fritz Zurbrügg, membre du directoire, met en garde contre une diminution des dividendes versés aux cantons en cas d'acceptation du texte.

"Parce que les réserves d'or de la BNS augmenteraient sur le long terme, mais ne pourraient pas être vendues, les bénéfices versés aux cantons ne cesseraient de baisser", explique M. Zurbrügg dans des interviews aux quotidiens alémaniques "Nordwestschweiz" et "Südostschweiz". L'or est un actif qui ne rapporte rien, rappelle-t-il.

Un accord prévoit actuellement la distribution annuelle d'un milliard de francs, quand la situation financière le permet. Cantons et Confédération, qui craignent une diminution des dividendes, rejettent l'initiative.

Le texte "Sauvez l'or de la Suisse" exige que la BNS stoppe ses ventes d'or, qu'elle ramène en Suisse tout le métal jaune stocké à l'étranger et qu'elle constitue des réserves d'or pour au moins 20% de ses actifs. D'après les initiants, conserver un tel socle dans les coffres de la BNS, - actuellement à 1040 tonnes d'or - est indispensable pour garantir la stabilité du franc suisse.

Taux plancher en question

D'après Fritz Zurbrügg, de telles règles auraient compromis l'instauration d'un taux plancher entre le franc et l'euro en 2011: "on n'aurait assurément pas pu procéder à ces achats illimités de devises avec la même crédibilité", souligne le responsable de la BNS.

Le marché aurait perçu la manoeuvre de la Banque nationale comme "une indécision", selon M. Zurbrügg. "Car avec une forte augmentation des avoirs en devises comme en 2011, la BNS aurait dû également acheter davantage d'or", afin de constituer des réserves correspondant aux 20% de ses actifs.

"Normalement, nous ne nous exprimons qu'avec beaucoup de retenue sur les initiatives et les votations", commente Fritz Zurbrügg. "L'initiative sur l'or est une exception, car elle a une influence directe sur le fonctionnement de la BNS."

D'après le responsable, la Banque nationale ne pourrait plus remplir intégralement son mandat légal en cas d'acceptation du texte. Elle se retrouverait limitée dans ses activités et atteinte dans sa crédibilité. La BNS "espère et pense que le peuple saura reconnaître les conséquences négatives de l'initiative et la rejettera", affirme M. Zurbrügg.

/ATS


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