Pas question que le repas pris à la maison renchérisse pour faire plaisir aux restaurateurs. L'initiative de Gastrosuisse, en votation le 28 septembre, coûterait cher aux familles avec enfants et aux ménages à bas et moyens revenus, dénoncent ses opposants réunis dans un comité recrutant à gauche et à droite.
L'initiative demande que les prestations des restaurants, actuellement frappées par une TVA de 8%, soient soumises à la même taxation que les livraisons des denrées alimentaires (2,5%), dont profitent les plats à l'emporter. Résultat: un trou de 750 millions de francs dans les caisses de la Confédération.
Frein à l'endettement oblige, ce manque à gagner devra être compensé, d'autant plus que d'autres pertes fiscales (imposition des couples, imposition des entreprises) s'annoncent, a souligné jeudi devant la presse la conseillère nationale Ruth Humbel (PDC/AG).
Il faudra augmenter le taux minimal de TVA de 2,5 à 3,8%. Et les prix des denrées alimentaires, des journaux, des livres et des médicaments prendront l'ascenseur, a mis en garde le conseiller aux Etats Robert Cramer (Verts/GE). Même la redevance radio/TV, que l'UDC dénonce régulièrement, augmenterait, a-t-il ironisé.
Bref, il faudra "payer plus pour manger chez soi", comme le dénonce l'affiche du comité. Et les conséquences ne seraient pas uniquement sociales, selon l'écologiste genevois. Si la nourriture devient plus chère, les gens iront l'acheter à l'étranger. Pis, on incitera les ménages les plus pauvres à économiser et à se tourner vers la malbouffe.
Selon ses opposants, l'initiative vise uniquement un allègement fiscal pour la branche de la gastronomie. Bon nombre de restaurateurs ne répercuteront guère cette baisse de TVA sur la facture de leurs clients, a affirmé Mme Humbel. Et de rappeler l'expérience française. Même en faisant baisser la TVA de 19,6 à 5,5%, les prix n'ont reculé que de 2,5%.
Pour le comité, un repas au restaurant est un agrément alors que se nourrir est une nécessité. La différence de taux de TVA se justifie donc.