Au deuxième jour du procès en Floride de l'ancien numéro trois d'UBS, Raoul Weil, un premier témoin a été entendu mercredi au tribunal de Fort Lauderdale. Pour cet ancien directeur des opérations transfrontalières chez UBS en Amérique du Nord, la banque suisse savait que la majorité de ses 20'000 clients américains fortunés fraudaient le fisc de leur pays.
En fonction jusqu'en 2002 à ce poste, Hansruedi Schumacher a détaillé comment UBS évoquait à l'interne les comptes de ces riches contribuables américains, à savoir "noirs et blancs". "Noir" ou "simple" pour chaque compte en Suisse qui n'était pas déclaré au fisc américain. "Blanc" ou "complexe" pour chaque compte pour lequel il fallait remplir une déclaration fiscale.
Devant le jury de douze personnes, M. Schumacher a expliqué comment fonctionnait le secret bancaire helvétique et combien un compte en Suisse était dès lors profitable pour un client américain, afin d'éviter notamment les 30% d'imposition du fisc américain sur les transactions boursières et revenus de la fortune.
"Le secret bancaire fait partie de la culture suisse", a dit M. Schumacher. "Celui qui veut voir Mickey Mouse va à Disneyland. Celui qui veut faire des opérations bancaires en secret se rend en Suisse", a résumé l'ex-banquier, qui fait d'ailleurs aussi l'objet d'une plainte.
Ce premier témoin du procès a ensuite raconté comment lui-même et ses conseillers préparaient leurs voyages aux Etats-Unis et quelles étaient les précautions à prendre sur place.
Ils disposaient de cartes de visite privées sans le nom ni le logo de l'UBS, avec uniquement le nom du conseiller, son numéro de téléphone et une adresse. Les riches clients américains étaient rencontrés dans des hôtels et les conseillers travaillaient sur des ordinateurs comportant un disque dur secret.
Après l'interrogatoire du procureur, l'ancien directeur des opérations transfrontalières chez UBS en Amérique du Nord devait subir le contre-interrogatoire des avocats de la défense. Leur ligne sera de reporter la responsabilité de la fraude "sur un petit groupe de banquiers suisses", dont Martin Liechti, ex-responsable Amériques d'UBS et ex-bras droit de Raoul Weil, et Hansruedi Schumacher.
Cette petite équipe de conseillers "veut maintenant faire porter le chapeau à leur chef" Raoul Weil, a dit Aaron Marcu, avocat principal de l'ancien numéro trois d'UBS.
Inculpé en 2008 et extradé aux Etats-Unis l'an dernier, où il est en liberté conditionnelle, Raoul Weil risque cinq ans de prison ferme et une lourde amende. Le procès qui a lieu au tribunal de district de Fort Lauderdale en Floride doit durer entre trois et quatre semaines. Près de quinze témoins doivent être entendus.