Israël est responsable de crimes contre l'humanité et crimes de guerre dans la bande de Gaza depuis octobre dernier, selon des enquêteurs internationaux indépendants. Ce rapport mercredi à Genève est la première investigation onusienne depuis le début de l'offensive.
Dans son évaluation, la Commission d'enquête internationale indépendante sur les territoires palestiniens estime aussi que des groupes armés palestiniens, dont le Hamas, ont eux perpétré des crimes de guerre en Israël. "Il est impératif que tous ceux qui ont mené des crimes soient poursuivis", selon la présidente de cette entité mandatée par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU, Navi Pillay.
Parmi les accusations adressées à Israël figurent des crimes contre l'humanité d'extermination, de persécution fondée sur le genre ciblant les hommes et les garçons palestiniens, de meurtres, de transferts forcés, de torture et autres abus, des crimes de guerre de recours à la famine comme arme, d'exécutions délibérées, d'attaques contre des civils, de transferts forcés et de violences sexuelles.
Selon les trois enquêteurs, l'armée israélienne n'a pas respecté une approche "proportionnelle" en ciblant les civils délibérément et en provoquant de larges destructions d'infrastructures civiles. Cette politique a entraîné des dizaines de milliers de victimes.
Les déclarations de certains responsables politiques israéliens ont contribué à inciter à la violence et pourraient constituer d'autres crimes internationaux graves, ajoute encore la Commission. L'incitation "directe ou publique" à un génocide fait partie de ces délits, y compris quand elle est liée à des personnes qui n'ont pas d'autorité opérationnelle sur la guerre.
Cisjordanie également
Les enquêteurs dénoncent l'obstruction des autorités israéliennes à leur investigation. Ils ont toutefois pu mener de nombreuses discussions et recueilli des images satellitaires et des rapports médicaux. "Israël doit immédiatement mettre un terme à ses opérations militaires et ses attaques dans la bande de Gaza, y compris son assaut à Rafah", ajoute Mme Pillay.
Autre problème, les centaines d'ordres d'évacuation à la population ont été "insuffisants", "pas clairs" et "contradictoires". De même, les voies attribuées aux Palestiniens pour rejoindre des zones annoncées comme sûres étaient attaquées par l'armée israélienne. Les enquêteurs estiment que cette politique équivaut à des "transferts forcés". Le "siège total" du territoire palestinien est lui considéré comme une "punition collective".
En Cisjordanie également, l'armée israélienne est responsable de violences sexuelles, torture et autres abus. Les autorités et les militaires ont également autorisé et même favorisé une campagne de violence des colons contre les Palestiniens.
Les trois enquêteurs demandent à l'Etat hébreu de se conformer aux ordonnances établies à plusieurs reprises par la Cour internationale de justice (CIJ). Et ils souhaitent que les Etats partie au statut de la Cour pénale internationale (CPI) collaborent avec cette juridiction.
Demande de libération des otages
De son côté, la mission israélienne à l'ONU à Genève dénonce "un nouveau rapport biaisé". Elle fustige des accusations "horribles" et immorales" contre l'armée israélienne qui a, selon elle, oeuvré conformément au droit international humanitaire (DIH). Cette commission "ne rendra jamais justice aux victimes israéliennes du terrorisme palestinien", affirme l'ambassadrice Meirav Eilon Shahar.
Parmi les reproches contre les groupes palestiniens, la Commission affirme que le Hamas et six autres groupes palestiniens ont perpétré plusieurs crimes de guerre pendant son attaque du 7 octobre dernier. Elle leur reproche des attaques délibérées contre des civils, des meurtres ou exécutions délibérées, des destructions de propriétés ou encore la prise d'otages.
Elle demande la libération des personnes retenues et l'arrêt des tirs contre le territoire israélien. De même que des investigations indépendantes sur les crimes perpétrés. Les enquêteurs présenteront leur rapport dans une semaine au Conseil des droits de l'homme.
/ATS