Azerbaïdjan: réélection haut la main du président Aliev

Homme fort de l'Azerbaïdjan depuis 15 ans, Ilham Aliev a été réélu mercredi pour un 4e mandat ...
Azerbaïdjan: réélection haut la main du président Aliev

Azerbaïdjan: réélection haut la main du président Aliev

Photo: KEYSTONE/AP/IVAN SEKRETAREV

Homme fort de l'Azerbaïdjan depuis 15 ans, Ilham Aliev a été réélu mercredi pour un 4e mandat avec plus de 86% des voix, selon des résultats partiels. Les partis d'opposition avaient décidé de boycotter le scrutin.

Ilham Aliev, dont la victoire ne faisait aucun doute, a obtenu 86,1% des voix, après le dépouillement de 67,3% des bulletins. Il prolongera au moins jusqu'à 2025 sa mainmise sur le pays.

Ilham Aliev, 56 ans, avait été élu pour la première fois en 2003 dans cette ex-république soviétique riche en hydrocarbures, succédant à son père Heydar, un ancien officier du KGB local qui dirigeait le pays depuis 1969 et a conservé le pouvoir jusqu'à sa mort.

Le taux de participation définitif n'était pas encore connu, mais il était d'environ 70% deux heures avant la clôture du scrutin (à 17h00 en Suisse). Les défenseurs des droits de l'Homme et plusieurs dirigeants de l'opposition ont émis des doutes sur ces chiffres.

Aucune alternative

Les principaux partis d'opposition avaient refusé de participer au scrutin, estimant que les conditions pour la tenue d'une élection démocratique n'étaient pas réunies. Ils ont également accusé les autorités de vouloir truquer le vote.

'L'environnement et la législation électorale n'ont pas offert de garanties d'élections libres et justes', ont dénoncé onze militants azerbaïdjanais des droits humains dans un communiqué commun. 'Les élections ne sont absolument pas compétitives et n'offrent pas d'alternative politique', ont-ils ajouté, décrivant notamment 'l'alarmante' campagne médiatique ayant accompagné le scrutin.

Main basse sur le pays

Critiqué par l'opposition, Ilham Aliev est loué par ses partisans pour avoir, grâce à la manne des hydrocarbures, transformé et modernisé l'Azerbaïdjan, devenu un important fournisseur de gaz à l'Europe.

La famille Aliev en aurait profité pour mettre la main sur des pans entiers de l'économie du pays, des affirmations qu'Ilham Aliev a toujours niées, comme celles l'accusant de dérives autoritaires.

'Il n'y a pas d'alternative à Aliev. C'est seulement grâce à lui que l'Azerbaïdjan est un pays stable avec une économie forte', affirmait mercredi une institutrice de 38 ans venue déposer son bulletin dans l'urne dans un bureau de vote près de Bakou, la capitale.

Mais pour un étudiant qui a préféré l'abstention, ce scrutin 'est une pure farce'. 'Nous n'avons jamais eu d'élection libre dans ce pays. Aliev ne fait que rallonger son règne encore et encore'.

'Candidats pantins'

Si sept candidats étaient opposés à Ilham Aliev, aucun n'était réellement connu des électeurs azerbaïdjanais et aucun n'avait mené de campagne électorale. Pour les dirigeants de l'opposition, ces 'candidats pantins' ont seulement été choisis pour donner une illusion de concurrence à une élection jouée d'avance.

L'opposition avait dénoncé la décision surprise d'Ilham Aliev d'avancer la présidentielle de six mois, une manoeuvre vue comme un moyen de raccourcir la campagne électorale et d'empêcher l'opposition de prendre des mesures contre les fraudes.

Ilham Aliev a été réélu en 2008 et 2013, à chaque fois avec des scores écrasants dans des scrutins dénoncés comme frauduleux par l'opposition. En 2009, le chef de l'Etat a fait approuver par référendum un changement de constitution l'autorisant à effectuer un nombre illimité de mandats, une réforme dénoncée par les militants de défense des droits humains et par ses opposants.

Un nouveau changement constitutionnel, en 2016, a étendu le mandat présidentiel de 5 à 7 ans. Le Conseil de l'Europe avait critiqué ces réformes provoquant 'un grave bouleversement de l'équilibre des pouvoirs' et donnant au président une autorité 'sans précédent'.

/ATS
 

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