La Turquie intensifie son offensive contre le groupe Etat islamique (EI) en Syrie contre les militants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) en Irak. Les autorités expliquent vouloir créer 'une zone de sécurité' à ses frontières.
Pour la troisième fois en 24 heures, les chasseurs-bombardiers de l'armée de l'air turque ont décollé samedi matin de leur base de Diyarbakir (sud-est). Ils ont bombardé des positions djihadistes dans le nord du territoire syrien.
Ces raids marquent un tournant dans la politique syrienne du régime islamo-conservateur turc. Ce dernier a été longtemps accusé par ses alliés de fermer les yeux, voire de soutenir les organisations radicales en guerre contre le régime de Damas.
'Des opérations aériennes et terrestres sont actuellement en cours', a annoncé à la mi-journée le Premier ministre Ahmet Davutoglu devant la presse. 'Elles continueront tant qu'une menace existe contre la Turquie', a-t-il souligné.
Simultanément à l'offensive ouverte contre les djihadistes, Ankara a engagé le combat contre les rebelles du PKK. Des F-16 turcs ont repris la direction du nord de l'Irak pour y frapper les bases arrière du PKK. Avant l'aube samedi, ces avions ont bombardé sept objectifs dans les monts Kandil: hangars ou lieux de stockages de munitions.
'Force et compassion'
La branche armée du PKK a réagi sur son site Internet. Elle estime que ces bombardements signifient la 'fin' du cessez-le-feu entre les rebelles et les forces de sécurité turques qui tenait tant bien que mal depuis 2013. 'La trêve n'a plus aucun sens après les intenses frappes aériennes conduites par l'armée turque d'occupation', écrit-elle.
'Nous allons continuer le processus de paix (...) nous utiliserons à la fois la force et la compassion', a répondu M. Davutoglu. Mais 'ceux qui abusent de ce processus de paix ne seront jamais tolérés', s'est -il empressé d'ajouter.
Mobilisation policière
Par ailleurs, pour la deuxième journée consécutive, la police antiterroriste turque a procédé samedi à des arrestations de militants supposés du groupe EI et du PKK dans plusieurs villes du pays, dont Istanbul et Ankara. Selon le Premier ministre turc, près de 600 personnes ont été placées en garde à vue.
Depuis lundi, la tension est vive dans de nombreuses villes de Turquie. Des manifestations dénonçant la politique syrienne du président Recep Tayyip Erdogan sont presque systématiquement réprimées par la police.
Marche anti-djihadiste annulée
Par souci d'apaisement, le principal parti kurde de Turquie a annulé la marche anti-djihadiste prévue dimanche après-midi à Istanbul. Le gouverneur local l'a interdite, mettant en avant des préoccupations liées à la sécurité et à la 'densité' du trafic urbain.
Autre signe du virage stratégique de la Turquie, Ankara a confirmé avoir autorisé les Etats-Unis, et d'autres pays de la coalition anti-djihadiste qu'ils dirigent, à mener des raids aériens en Syrie ou en Irak depuis plusieurs de leurs bases, dont celle d'Incirlik (sud).
/ATS