De New York à Los Angeles, des plaines du Midwest aux côtes de la Floride, des dizaines de millions d'Américains votent mardi pour décider qui de Kamala Harris ou Donald Trump entrera à la Maison Blanche. Une élection sous haute tension et aux enjeux capitaux.
De longues files d'électeurs se sont formées sur les trottoirs en ce jour historique. Dans une interview à une radio locale de Géorgie, l'un des Etats-pivots, Kamala Harris a 'encouragé tout le monde à sortir voter'.
Son rival républicain s'est dit 'très confiant' en sa victoire, juste après avoir voté à West Palm Beach. Il s'est engagé à reconnaître son éventuelle défaite 'si l'élection est juste'. 'Jusqu'à présent, je pense que cela a été équitable', a-t-il ajouté.
Drapeau en lambeaux
L'ancien président a réitéré ses critiques habituelles sur les machines à voter, estimant qu'elles étaient moins fiables que les bulletins papier et engendreraient un retard dans le décompte.
M. Trump avait plus tôt publié une vidéo s'ouvrant sur un drapeau américain en lambeaux, avec des images de migrants déferlant sur la frontière ou de délinquants armés, en contraste avec des ouvriers, mineurs, policiers ou militants de ses meetings.
Plus de 82 millions d'Américains ont déjà exprimé leur suffrage de manière anticipée et il est impossible de savoir s'il faudra des heures ou des jours de dépouillement pour départager la vice-présidente et l'ancien dirigeant, dont les personnalités ne pourraient être plus différentes.
Deux Amérique irréconciliables
Darlene Taylor a déposé son bulletin dans une école primaire d'Erié, en Pennsylvanie, un Etat-clé susceptible de faire basculer le scrutin. 'On ne veut pas de quatre années supplémentaires de forte inflation, de ce prix de l'essence et de mensonges', affirme cette femme de 56 ans qui porte un T-shirt affichant 'Trump-Vance'.
Coiffée d'une casquette de baseball, Marchelle Beason, 46 ans, a elle voté Kamala Harris. 'Je pense qu'elle va réconcilier toute la population, le monde entier, car nous sommes actuellement tellement divisés', dit-elle.
Aux meetings de Kamala Harris et Donald Trump, ce sont deux Amérique apparemment irréconciliables qui ont afflué ces dernières semaines, chaque camp étant convaincu que l'autre allait mener le pays au désastre. L'ancienne procureure de Californie a qualifié son rival de 'fasciste'. L'ex-magnat des affaires a lui martelé qu'elle était 'bête comme ses pieds' et qu'elle allait 'détruire' le pays.
Coude-à-coude
Le verdict des urnes sera de toute façon historique. Les derniers sondages donnent les deux adversaires quasiment à égalité dans les sept Etats cruciaux, ceux qui permettront à la démocrate ou au républicain d'atteindre le seuil de 270 sur 538, synonyme de victoire.
Pour essayer de convaincre en seulement trois mois de campagne, Kamala Harris a misé sur un message de protection de la démocratie et du droit à l'avortement, destiné aux femmes comme aux républicains modérés.
Liz Orlova, une femme de 22 ans rencontrée à New York, explique avoir ainsi voté Kamala Harris 'avec principalement en tête le droit à l'avortement'. Contrairement à Guy Mills, 62 ans, qui lui a choisi le républicain. 'Je crois qu'on a besoin de quelqu'un pour corriger le cap du navire', dit-il.
Drones, tireurs d'élite
La suite reste une grande inconnue. Les deux camps ont d'ores et déjà engagé des dizaines d'actions en justice, tandis que deux Américains sur trois redoutent une éruption de violence après le scrutin. Certains bureaux de vote se sont mués en forteresses, surveillées par drones et avec des tireurs d'élite sur les toits.
Mardi matin, le FBI a mis en garde contre de fausses vidéos qui circulent et mettent en doute l'intégrité des opérations de vote. A Washington, des barrières métalliques entourent la Maison Blanche, le Capitole et d'autres sites sensibles.
Des commerces du centre-ville ont recouvert leurs vitrines de planches en bois. Les images du 6 janvier 2021, quand des trumpistes avaient attaqué le siège du Congrès américain, restent dans tous les esprits.
Suspect arrêté au Capitole
Un homme en possession d'une torche et d'un pistolet d'alarme a été arrêté au centre des visiteurs du Capitole, rapporte la police en charge de la sécurité du bâtiment. L'individu sentait également l'essence et ses vêtements étaient mouillés.
L'homme, un homme blanc âgé d'une vingtaine d'années originaire du Michigan, avait sur lui un manifeste de 25 pages qu'il envisageait de remettre au Congrès, selon un journaliste de la chaîne Fox. Selon ce dernier, le manifeste contenait des 'déclarations anti-gouvernementales et anti-israéliennes'. L'individu aurait agi seul.
Par ailleurs, de fausses alertes à la bombe imputées à des opérations de déstabilisation russes ont visé mardi des bureaux de vote aux Etats-Unis. Elles ont notamment perturbé brièvement le scrutin en Géorgie. 'Aucune de ces menaces n'a été jusqu'à présent considérée comme crédible', a toutefois souligné le FBI.
/ATS