Lors d'un discours à Sarajevo, le président turc Recep Tayyip Erdogan a lancé un appel aux Turcs d'Europe pour qu'ils votent massivement pour lui. La Turquie organise le 24 juin prochain des élections présidentielle et législatives.
Comme annoncé, le président turc cherche à s'assurer du soutien des Turcs d'Europe. Selon lui, ces élections seront décisives 'pour le prochain siècle' en Turquie. 'Etes-vous prêts à donner une leçon aux organisations terroristes et à leurs partisans extérieurs? ', a-t-il déclaré. 'Etes-vous prêts à me soutenir avec un nombre record de votes lors de l'élection présidentielle?'
L'Union des démocrates turcs européens (UETD) a indiqué qu'environ 10'000 Turcs étaient présents à Sarajevo pour écouter Recep Tayyip Erdogan. La moitié d'entre eux proviendraient d'Allemagne. La diaspora turque compte plus de trois millions d'électeurs, dont 1,4 million en Allemagne.
'S'il nous disait qu'il faut aller au bout du monde, nous irions au bout du monde avec lui. S'il nous disait de mourir pour lui, nous mourrions pour lui', disait en attendant le chef de l'Etat turc, Muhamed Yanik, un étudiant de 20 ans venu en bus de Dortmund, tandis que l'ambiance était de plus en plus survoltée les minutes passant.
'Néo-ottomanisme'
Ce meeting électoral à Sarajevo faisait toutefois grincer les dents d'une partie de la population de la capitale bosnienne. Le choix de Sarajevo intervient alors que plusieurs pays de l'Union européenne, notamment l'Allemagne, avaient empêché la tenue de meetings pro-Erdogan avant le référendum d'avril 2017 sur le renforcement de ses pouvoirs.
Beaucoup voient dans cette visite l'expression d'un 'néo-ottomanisme'. Les Balkans, notamment la Bosnie, ont été sous tutelle ottomane pendant plus de quatre siècles, jusqu'en 1878.
Lors d'une conférence de presse tenue avec le chef politique des Bosniaques musulmans Bakir Izetbegovic, Recep Tayyip Erdogan s'est employé à rassurer ses hôtes: 'La Turquie n'a pas de programme caché, et n'en a jamais eu, si ce n'est le bien-être, l'unité et le développement économique de la Bosnie-Herzégovine'.
La Turquie a joué un rôle important dans la reconstruction de ce petit pays des Balkans après la guerre multicommunautaire des années 1992-95, et y mène une politique d'investissement dynamique comme dans tous les Balkans. La moitié des 3,5 millions de Bosniens sont des Bosniaques musulmans, un tiers sont serbes orthodoxes, les Croates catholiques comptant pour environ 15% de la population.
/ATS