Les Cubains ont entamé lundi une semaine de commémorations en hommage à Fidel Castro, le seul dirigeant qu'ils aient connu durant près d'un demi-siècle. Des centaines de milliers d'entre eux ont défilé lundi place de la Révolution à La Havane.
La cérémonie a commencé à 09h00 (15h00 suisses) par une salve de 21 coups de canon. Cinq heures avant son début, les gens avaient déjà commencé à faire la queue pour avoir les meilleures places aux premiers rangs. Comme Misleidys Rivero: 'Pour moi, Fidel continue de vivre dans le coeur des Cubains', confie cette employée de station-service, un petit drapeau cubain à la main.
Ana Maria Vasquez, 49 ans, dit avoir travaillé au Conseil d'Etat, l'organe exécutif que Fidel Castro présidait jusqu'à en avoir transmis les rênes à son frère Raul, il y a une dizaine d'années. 'Fidel, c'était le pays, la révolution. Mais par-dessus tout, Fidel était un homme qui avait su ouvrir son coeur au peuple', dit-elle, en larmes.
Une immense photographie de Fidel Castro jeune, en treillis militaire, fusil et sac à dos en bandoulière, le regard porté vers le lointain, a été drapée autour de la Bibliothèque nationale.
Cortège funèbre
Si l'étiquette des précédentes cérémonies reste suivie, Raul Castro et d'autres dirigeants du Parti communiste, de l'armée et du gouvernement devaient déposer des fleurs devant le monument consacré au héros national José Marti. Une file de simples citoyens devait les suivre.
La cérémonie à La Havane prendra fin mardi soir. C'est à ce moment qu'auront lieu les hommages des dirigeants internationaux conviés pour honorer la mémoire d'un homme qui a consacré sa vie à la lutte contre le capitalisme et le colonialisme. Un cortège funèbre accompagnera alors les cendres de Fidel Castro jusqu'à Santiago de Cuba, au fil d'un trajet de 1200 km vers l'est de l'île.
En 1953, le dirigeant cubain y avait lancé avec une poignée de compagnons le mouvement révolutionnaire qui culmina par la triomphale entrée des 'barbudos' à La Havane en janvier 1959. Neuf jours de deuil national prendront fin lorsque ses cendres y seront déposées le 4 décembre.
La dépouille du 'Comandante' ou simplement 'Fidel', comme les Cubains l'appelaient, a été incinérée samedi, au lendemain de son décès à l'âge de 90 ans. On ignore officiellement les causes de sa mort, mais on le savait de santé fragile depuis des années.
Vente d'alcool interdite
Le long du trajet jusqu'à Santiago de Cuba, ses admirateurs pourront pleurer la disparition de celui qui s'est dressé contre l''impérialisme' américain en Amérique latine, a dirigé le pays d'une main de fer tout en développant les secteurs de la santé et de l'éducation pour les pauvres et a inspiré des mouvements de libération dans le monde entier.
Depuis vendredi soir, Cuba fait silence et l'on n'entend plus les airs de musique et de danse qui font habituellement la richesse sonore des rues de La Havane. Le gouvernement a interdit temporairement la vente d'alcool et suspendu la saison professionnelle de baseball.
Ces festivités laissent froids la plupart des dissidents. Ils ont décidé de rester discrets pendant ces neufs jours de deuil, par respect, mais aussi par crainte de cinglantes représailles.
/ATS