Protestations à Belgrade, Moscou dénonce une « déstabilisation »

Des manifestants serbes dénonçant des fraudes électorales ont paralysé lundi plusieurs rues ...
Protestations à Belgrade, Moscou dénonce une « déstabilisation »

Protestations électorales à Belgrade, Moscou accuse l'Occident

Photo: KEYSTONE/EPA/ANDREJ CUKIC

Des actions de protestation ont de nouveau eu lieu lundi à Belgrade pour dénoncer des fraudes lors des récentes élections législatives remportées par la droite nationaliste. Moscou voit derrière ces mobilisations la volonté de l'Occident de 'déstabiliser' la Serbie.

Quelques centaines de manifestants ont d'abord bloqué plusieurs artères de la capitale avant de se réunir dans la soirée devant des commissariats de police pour réclamer la libération des protestataires arrêtés la veille lors d'affrontements devant la mairie de Belgrade.

Le bâtiment avait alors été attaqué par des manifestants qui ont tenté de s'y introduire avant d'être repoussés par les forces de l'ordre. Deux policiers ont été grièvement blessés et au moins 35 personnes arrêtées, selon les autorités.

Violences 'fomentées à l'étranger'

Fustigeant ces violences, le président serbe Aleksandar Vucic, dont le parti SNS (droite nationaliste) a été donné vainqueur du scrutin du 17 décembre, a affirmé avoir des preuves qu'elles avaient été 'fomentées à l'étranger'.

Principal allié de Belgrade, Moscou est monté au créneau: 'Il est évident que l'Occident dans son ensemble cherche à déstabiliser la situation' en Serbie, a déclaré la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, citée par l'agence publique RIA Novosti.

Elle a comparé ces manifestations à celles du Maïdan à Kiev, qui ont abouti à l'arrivée au pouvoir de pro-Occidentaux en Ukraine début 2014. 'Les tentatives de forces tierces, y compris depuis l'étranger, de provoquer de tels troubles à Belgrade sont évidentes', lui a fait écho le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, lors de son point de presse quotidien.

Lors du scrutin du 17 décembre, le parti de M. Vucic a obtenu plus de la moitié des 250 sièges du Parlement. Mais la plus grande coalition d'opposition, La Serbie contre la violence, a, dès le lendemain, dénoncé des fraudes électorales, parmi lesquelles le fait d'avoir permis aux électeurs serbes de la Bosnie voisine de voter illégalement dans la capitale.

L'Union européenne s'est émue de la situation et l'Allemagne a qualifié ces allégations d''inacceptables' pour un pays espérant rejoindre l'UE.

Succès autour de l'économie

Jusqu'à présent, Aleksandar Vucic a su maintenir un équilibre entre Est et Ouest, promettant de maintenir la Serbie sur la voie de l'adhésion à l'UE, tout en restant très proche de la Russie et en courtisant la Chine autant que Washington.

Mais, depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022, Belgrade n'a jamais appliqué de sanctions contre la Russie, d'où elle importe notamment du gaz.

Les succès de M. Vucic dans son pays ont principalement tourné autour de l'économie, dans un des pays les plus pauvres du continent européen, qui a vu l'inflation atteindre 16% au printemps avant de décroître autour de 8% en novembre.

Pour ses partisans, les années au pouvoir de Vucic ont toutefois ramené de l'ordre - et des milliards d'investissements. Entre 2012 et 2022, les investissements directs étrangers en Serbie sont passés de 1 à 4,4 milliards d'euros.

'Otpor' (Résistance)

A Belgrade, les manifestants, majoritairement des étudiants de l'organisation 'Borba' (Combat), réclament la révision des listes électorales qui, selon eux, sont à l'origine de la fraude électorale.

'Je suis né en 2002 et je ne pensais pas qu'il faudrait, comme mes parents l'ont fait, se battre pour la démocratie dans la rue', a dit Emilija Milenkovic, une étudiante de la Faculté de sciences politiques. 'Mais je dois le faire', a ajouté la jeune femme de 21 ans portant un badge du mouvement historique étudiant Otpor (Résistance), qui avait participé à la contestation contre le pouvoir de Slobodan Milosevic dans les années 2000.

Ce scrutin a suscité de nombreuses critiques après que des observateurs internationaux, notamment de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) - ont dénoncé une série d''irrégularités', notamment 'l'achat de voix' et 'le bourrage des urnes'.

Des centaines de personnes ont depuis manifesté quotidiennement devant la Commission électorale serbe et les condamnations internationales ont afflué. Des membres de la principale liste d'opposition, Serbie sans violence, ont entamé une grève de la faim avec pour but d'annuler les résultats.

/ATS
 

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