Le conducteur de la camionnette qui a fauché délibérément sur un kilomètre des passants lundi à Toronto, faisant 10 morts et 15 blessés, a été inculpé mardi de dix meurtres avec préméditation. Ses motivations ne sont pas connues mais la piste terroriste est écartée.
Debout dans le box des accusés, la tête rasée, il s'est aussi vu signifier 13 chefs d'inculpation de tentative de meurtre sur autant de blessés graves.
L'individu, âgé de 25 ans, n'est pas connu des services de police. Il n'était pas non plus fiché par les services de renseignement, ce qui permet à priori, selon le ministre de la sécurité publique Ralph Goodale, d'écarter la piste d'un acte de terrorisme comme cela a pu être le cas par le passé dans ce type d'attaque à la voiture-bélier.
Au surplus, citant des représentants du gouvernement, Radio-Canada a déclaré que le suspect n'était lié à aucun groupe extrémiste.
Des personnes qui fréquentent le même établissement d'enseignement professionnel de Toronto l'ont présenté dans la journée comme quelqu'un de renfermé avec des difficultés à communiquer. Cet habitant de la banlieue nord de Toronto suivait depuis 2011 des cours au College Seneca, selon son profil sur les réseaux sociaux.
Récalcitrant
Au moment de son interpellation une demi-heure après l'attaque, il a brandi un objet dans la main gauche, debout près de la camionnette avec l'avant de la carrosserie enfoncé, et aurait crié 'tue-moi' au policier qui le mettait en joue, selon une vidéo postée sur les réseaux sociaux. Mais il n'était pas armé, a précisé la police.
'Cet acte semble clairement délibéré', a assuré le chef de la police en reconstituant le parcours du véhicule, tantôt sur les trottoirs, tantôt sur la rue roulant même à contresens de la circulation.
Ces faits rappellent les modes opératoires d'attaques à la voiture- bélier dans plusieurs grandes villes, comme à New York, Barcelone, Londres, Nice, Paris, Berlin ou Stockholm, où des éléments radicaux à bord de véhicules ont fauché mortellement des piétons.
Un pays 'choqué'
Mardi matin, la police poursuivait son long travail d'enquête et d'identification des victimes parmi lesquelles figurent deux Sud-Coréens. Une employée d'Invesco Canada est morte au bas de son bureau, la société d'investissement étant basée sur la rue Yonge.
Spontanément, les habitants de Toronto ont rendu hommage mardi aux victimes en accrochant des messages aux murs des bâtiments ou en laissant des bouquets de fleurs sur les trottoirs.
'Les Canadiens sont choqués et attristés par cette attaque insensée', a déclaré de son côté le premier ministre Justin Trudeau, en attendant les conclusions de l'enquête pour comprendre les motivations du conducteur de la camionnette.
'Nous ne devons pas vivre dans la peur et l'inquiétude (...) et nous devons rester un pays ouvert et libre et à l'aise dans nos valeurs et nous allons continuer à l'être', a-t-il assuré.
A l'heure du déjeuner
C'est peu avant 13h30 locales lundi (19h30 en Suisse) que la police a été avertie qu'une camionnette blanche de location renversait des piétons en fonçant sur les trottoirs de la rue Yonge.
Le véhicule-bélier a ensanglanté cette artère fréquentée en montant sur les larges trottoirs où de nombreux piétons flânaient à l'heure de la pause du déjeuner sous un soleil radieux.
Cet accident intervient alors que Toronto accueille une réunion des ministres de la sécurité publique du G7, après avoir été l'hôte le week-end dernier de la rencontre des ministres des affaires étrangères des sept pays les plus industrialisés (Etats-Unis, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie et Canada).
/ATS