Plus d'un million de personnes ont été chassées de chez elles par le conflit en Ukraine, selon les chiffres du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA). Le pays n'est pas loin de la catastrophe humanitaire, alors que les victimes s'accumulent à l'Est, dont des civils.
Le nombre de personnes déplacées en territoire ukrainien (610'000) et de réfugiés qui ont fui dans les pays voisins (594'000) a plus que triplé depuis août dernier, ajoute l'OCHA. Selon les Nations unies, 5,2 millions de personnes vivent dans des zones de conflit en Ukraine, dont 1,4 million sont particulièrement vulnérables.
Les combats depuis le printemps entre l'armée ukrainienne et les séparatistes pro-russes ont déjà fait plus de 4700 morts.
Denis Krivocheïev, directeur adjoint pour l'Europe et l'Asie centrale à Amnesty International, a déclaré que les habitants des villes de Louhansk et de Donetsk, contrôlées par les séparatistes, pouvaient difficilement se nourrir et se soigner, notamment les retraités.
"Il est peut-être trop tôt pour parler de catastrophe humanitaire, mais il est clair qu'on va dans cette direction", a-t-il déploré dans un courriel envoyé à la Thomson Reuters Foundation. La distribution de l'aide humanitaire, a-t-il poursuivi, est gênée par l'attitude des bataillons de volontaires pro-Kiev qui empêchent une partie des vivres et médicaments d'atteindre les zones de conflit.
Plusieurs civils tués
La révélation de ces faits n'a guère freiné les ardeurs sur le terrain. Le bilan du jour dans l'est séparatiste est lourd, bien qu'invérifiable, avec quatre soldats ukrainiens et deux civils tués.
"Nous avons perdu en 24 heures quatre militaires et huit ont été blessés", a annoncé le porte-parole militaire ukrainien Andriï Lyssenko au cours d'un point de presse, sans donner davantage de précisions. Il s'agirait d'un des bilans les plus lourds pour l'armée ukrainienne depuis le cessez-le-feu du 9 décembre.
M. Lyssenko a accusé les séparatistes de se livrer à des "provocations en tirant aux mortiers et aux lance-roquettes Grad" sur les positions de l'armée. Selon lui, l'intensification des hostilités coïncide avec l'arrivée dans l'Est de "convois humanitaires" russes, dont "le onzième composé de 124 camions" a franchi la frontière jeudi.
Donetsk sous le feu
La mairie de la ville de Donetsk, bastion rebelle, a pour sa part fait état de deux morts - les premières victimes civiles depuis un mois - et sept blessés ainsi que de "nombreuses destructions d'immeubles" dans des tirs d'artillerie dans le nord-ouest de la ville.
Afin de préparer le sommet d'Astana, qui doit réunir jeudi au Kazakhstan Vladimir Poutine, Petro Porochenko, Angela Merkel et François Hollande, les ministres des Affaires étrangères des quatre pays concernés par la réunion se réunissent déjà lundi à Berlin.
Guerre de l'information
La Grande-Bretagne, le Danemark, l'Estonie et la Lituanie ont par ailleurs appelé vendredi l'Union européenne à dresser un plan pour répondre à la "campagne de propagande" russe. Moscou a déjà été plus d'une fois accusé par Kiev et l'Occident de mener une "guerre de l'information" pour justifier son intervention en Ukraine.
Moscou a récemment lancé une chaîne de TV en Grande-Bretagne et un service d'informations pour l'étranger baptisé Spoutnik.
"La Russie développe rapidement sa campagne de désinformation et de propagande, en réponse asymétrique à la puissance économique de l'Occident", ont déclaré les chefs de la diplomatie des quatre pays.
"Au même moment, les médias libres en Russie sont supprimés par le gouvernement, intimidés et poussés hors de la vie publique, tandis que les médias étrangers font l'objet de discriminations et sont forcés à fermer", ont-ils poursuivi. Adressée à la cheffe de la diplomatie de l'UE Federica Mogherini, leur lettre affirme que la propagande russe "cherche à saper l'unité de l'UE et de l'Occident".
Le document appelle la diplomatie européenne à préparer un plan pour 2015-2016 afin d'offrir des alternatives pour le public russophone.
/ATS