Recep Tayyip Erdogan s'est déclaré "certain" dimanche de survivre au scandale de corruption qui l'a obligé à remanier le gouvernement et a suscité des protestations en fin de semaine à Istanbul. Le Premier ministre turc a comparé ces troubles aux manifestations antigouvernementales de juin dernier autour de la place Taksim.
Les rassemblements du printemps, en réaction au projet de réaménagement du parc Gezi, ont finalement décliné au début de l'été. "Ils disaient 'Gezi' et brisaient des vitres", a déclaré M. Erdogan lors d'un rassemblement dans la province occidentale de Manisa. "Maintenant, ils disent 'corruption' et brisent des vitres. Ces complots ne réussiront pas."
"Ils ne se préoccupent pas de corruption, de droit ou de justice", a-t-il ajouté. "Ils se préoccupent seulement de nuire à la puissance de ce pays."
Dans le cadre d'une enquête menée en secret depuis plusieurs mois, la police a procédé le 17 décembre à l'arrestation de dizaines de personnes, parmi lesquelles figurent les fils de trois ministres, qui ont depuis démissionné, et le directeur général de la banque publique Halkbank.
Aux yeux de nombreux observateurs, l'affaire est liée à la rivalité entre le Premier ministre et un ancien allié, l'influent prédicateur Fethullah Gülen, exilé aux Etats-Unis et qui dispose d'un réseau influent bien implanté au sein des appareils policier et judiciaire.
Samedi, Recep Tayyip Erdogan a riposté aux graves accusations de corruption qui menacent son gouvernement. Il a dénoncé une nouvelle fois la justice, ses rivaux et la rue, tous accusés de comploter contre son pays.
Au lendemain des manifestations dans une dizaine de villes, notamment Istanbul et Ankara, pour exiger sa démission, M. Erdogan, inflexible, a poursuivi sa contre-attaque en mobilisant ses partisans contre les "groupes criminels" qui selon lui, veulent mettre à bas la Turquie.
Parmi les cibles, le chef du gouvernement islamo-conservateur a épinglé les magistrats à l'origine de l'enquête qui a abouti à l'incarcération d'une vingtaine de personnalités proches du pouvoir et causé la démission de trois ministres.