Les jihadistes de l'Etat islamique (EI) se sont emparés jeudi de Qaraqosh, la plus grande ville chrétienne d'Irak. Des dizaines de milliers de personnes ont dû fuir, alors qu'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité était prévue en fin de soirée.
Selon le patriarche chaldéen Louis Sako, 100'000 chrétiens ont été poussés sur les routes "avec rien d'autre que leurs vêtements sur eux" après la prise de Qaraqosh et d'autres villes de la région de Mossoul (nord) par des combattants de l'Etat islamique (EI).
"C'est un désastre humanitaire. Les églises sont occupées, leurs croix ont été enlevées" et plus de 1500 manuscrits ont été brûlés, a souligné Mgr Joseph Thomas, archevêque chaldéen de Kirkouk et Souleimaniyeh.
A Rome, le pape François a lui aussi lancé un appel urgent à la communauté internationale pour "protéger" les populations en fuite dans le nord de l'Irak. A la demande de la France, "vivement préoccupée", le Conseil de sécurité devait se réunir en urgence à New York jeudi en fin de soirée.
Cette poussée de l'EI met les jihadistes parfois à tout juste 20 kilomètres des frontières officielles du Kurdistan irakien. Et ils ne sont plus qu'à 40 kilomètres d'Erbil.
Menés par l'EI, qui était déjà bien implanté en Syrie, des insurgés sunnites ont lancé en juin une offensive fulgurante dans le nord de l'Irak, s'emparant de vastes pans de territoire. Depuis le week-end dernier, ils disent avoir pris 15 villes.
A la faveur de la déroute de l'armée, les forces kurdes, de loin les mieux entraînées et organisées du pays, ont pris position hors de leurs frontières officielles, élargissant officieusement le Kurdistan de 40 % au total. Mais depuis fin juillet, elles reculent inexorablement à Ninive.
Les déplacés ne sont même pas à l'abri à Kirkouk, la principale ville prise par les peshmergas (combattants kurdes). Jeudi, deux attentats à la voiture piégée ont tué au moins 11 personnes. Une autre attaque a fait au moins 14 tués dans un quartier chiite de Bagdad.